Après le meurtre de Wafa Sbai (29 octobre 2022 au Kef ), Aswat Nissa a indiqué qu’une femme a été tuée par son mari a Kerkana, Sfax le 10 novembre 2022 et qu’un autre cas de féminicide a été enregistré le 12 novembre 2022 à Oued Ellil, Manouba. Le 7 décembre courant, un nouveau crime s’est ajouté après qu’une femme, âgée de 40ans et maman de 4 enfants, a été tuée par son mari a El Menihla. D’après la Dynamique Féministe, il s’agit de la 5eme victime de féminicide en Tunisie au cours d’un seul mois.
Dans un communiqué de presse publié le 12 décembre courant, la Dynamique Féministe a lancé un cri d’alarme pour mettre fin aux féminicides en Tunisie en considérant que la que c’est à l’État qu’il incombe au premier chef de protéger les femmes exposées à la violence. « Créée pour défendre les acquis des femmes, défendre leurs droits et faire pression pour concrétiser l’égalité et la véritable citoyenneté pour toutes les femmes tunisiennes, la Dynamique Féministe exprime sa vive condamnation et son indignation face aux nouvelles concernant le meurtre de femmes et le taux élevé de violence à leur encontre, notamment la violence conjugale et domestique, qui a atteint son maximum de béance », lit-on dans le communiqué récemment publié.
Dans le même contexte, la Dynamique a critiqué ce qui a été qualifié de « lenteur des organes judiciaires à répondre aux demandes de protection saisis et le fait que les services de sécurité n’accordaient pas suffisamment d’attention aux menaces qui pesaient sur les femmes » et a également appelé à « la tenue d’un conseil ministériel réunissant les ministères directement impliqués dans les engagements envers les femmes victimes de violence et indirectement impliqués dans la prévention de la violence afin d’élaborer une stratégie concernant la violence conjugale et domestique et dans le but d’élaborer un plan d’action rapide et efficace pour réduire et éliminer progressivement son augmentation ».
D’autre part, « toutes les voix libres » ont été appelées à « agir pour lutter contre ce phénomène de la violence basée sur le genre et afin de mettre fin aux meurtres de femmes ». Cet ensemble de demandes et de positions présentés s’inscrit dans le cadre de la clôture du boycott annoncé par la Dynamique aux activités organisées par le ministère de la femme tout au de la campagne internationale « 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre » en guise de protestation contre ce qui a été qualifié de « mesures insuffisantes » pour protèger les femmes exposées à toutes les sortes de violence, « non-respect » de plusieurs accords, conventions et démarches stipulées par la loi et « absence et silence total » en marge de nombreux incidents.
Pour rappel, les associations signataires de ce communiqué sont comme suit : l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’Association Femmes et Citoyenneté El Kef, l’Association Aswat Nissa, Le groupe Tawhida Ben Cheikh, l’Association Joussour El Kef, L’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD), l’Association Amal pour la mère et l’enfant, l’Association Beity et l’Association Calam.
Il est utile de rappeler, en outre, que l’Association Aswat Nissa avait publié, novembre dernier, une pétition en ligne portant le slogan « Stop Féminicide » et appelant à « la mise en place d’un plan national de lutte contre les violences intra-familiales et de prévention des féminicides et à l’application de la loi 58/2018 relative à l’élimination des violences faites aux femmes ».
« Une femme de plus a été assassinée le 29 octobre 2022 au Kef. L’assassin, son mari et père de ses deux enfants, l’a aspergée d’essence et l’a brûlée. Ce crime odieux et particulièrement sauvage intervient alors que l’assassin de Refka Cherni tuée elle aussi par son mari le 9 Mai 2021 dans la même ville n’a toujours pas été jugé. Elle aussi a été assassinée, comme toutes les autres avant elles, parce que c’est une femme tombée sous la domination et le pouvoir d’un homme. Combien sont-elles ? Le mutisme de l’Etat tunisien sur les chiffres des féminicides et son inaction ne sont plus acceptables », lit-on dans le communiqué accompagnant la pétition.
Rym CHAABANI