Par Samia HARRAR

Les enfants de Siliana s’en souviennent. Mais ils ne sont pas les seuls à s’en souvenir. Ils n’ont pas pu oublier. Mais ils ne sont pas les seuls, à n’avoir pu oublier. Tout un pays en a été secoué. Et marqué au fer blanc. En revanche, ils sont bien les seuls à porter les cicatrices de la mémoire dans la peau, parce que les tirs à la chevrotine, ordonnancés par Ali Larayedh, alors ministre de l’Intérieur, ont visé les yeux, les visages et les corps, dans l’un des épisodes les plus douloureux d’après la « révolution » de 2011.

Bien sûr, il y a eu les « snipers ». Mais ça, c’est encore une autre paire de manches.   Et ils sont combien, de Tunisiens, à avoir été sacrifiés injustement, dans le sillage de ce « printemps » de toutes les misères, juste pour aller alimenter les chiffres et les statistiques. Et justifier l’injustifiable. Il faut bien alors, que justice soit rendue un jour. Et que les coupables passent à la caisse pour régler l’addition. Y compris ceux qui auront eu, jusque-là toute latitude, du temps de leur impunité justement, de laver plus blanc que blanc afin d’en être quittes toujours. Et de pouvoir en toute occasion, tirer leur « épingle » du jeu, se plaçant, pour ne pas changer, et pour ce qu’il s’agit des « chefs » patentés du parti Ennahdha, du côté, et dans le rang des victimes éternelles d’une oppression qui les viserait expressément, comme elles les auraient visées par le passé : ce qui justifierait des dédommagements à ne plus compter, qui pourraient compenser leurs années de « galère ». Et leur permettre, dans la foulée, de se racheter une « conduite » sur le dos du contribuable. Et d’un pays dont ils ont phagocyté, avec hargne et ressentiments, comme le feraient des « vampires » assoiffés d’hémoglobine, toutes les richesses, après en avoir infiltré les « strates » pour mieux asseoir leur pouvoir, afin de parfaire leur mainmise sur toutes ses arcanes. Aujourd’hui, après plus d’une décade à détruire la Tunisie, méticuleusement et sûrement, appuyés en cela par tous ceux qui ont sursois aux pions comme à l’échiquier, vient le temps pour eux aussi, quand bien même ils s’activeraient fiévreusement à en retarder l’échéance, de comprendre que le pays ne pardonne pas. Et qu’ils passeront tous à la caisse. Ghannouchi y compris. Et ils solderont tous leurs comptes. Jusqu’au dernier « penny ». Quand cela adviendra, et que leur « gourou » en titre, comprendra qu’il est « ferré » aussi, il n’y aura plus, de simulacre de procès. Il y aura un procès, et la « balance » sera droit dans ses bottes lorsqu’il faudra expier.