Pour plus de deux ans, le monde a vécu une situation sanitaire critique. La pandémie a frappé de plein fouet l’économie mondiale. On a perdu des membres de nos famille, des amis et des voisins à cause de ce virus « imbattable ». La flambée de la grippe saisonnière et l’apparition de la bactérie Shigella s’ajoutent au coronavirus pour former un « triangle des Bermudes » menaçant la santé du citoyen lambda.
Bactérie Shigella : 160 cas!
Le directeur de l’institut Pasteur Hechmi Louzir a indiqué, le 22 décembre 2022 dans une déclaration accordée à l’agence TAP, que 160 cas de contaminations à la bactérie Shigella ont été enregistrés jusqu’à présent en Tunisie, précisant que le nombre de contaminations n’a pas augmenté depuis une semaine. Selon la même source, la plupart des cas de contaminations à Shigella sont guéris et un cas de décès enregistré le mois dernier.
La direction de santé de base et l’observatoire national des maladies nouvelles et émergentes ont analysé tous les cas d’atteinte à la Shigella pour savoir si les contaminations dont dues à l’eau, à la nourriture, ou autres, selon ses dires. Et d’ajouter que les causes de l’infection n’ont pas été déterminées et demeurent inconnues jusqu’à ce jour.
Louzir a affirmé que cette bactérie est dangereuse car elle se propage rapidement et résiste aux antibiotiques, ajoutant qu’elle provoque de fortes diarrhées et entraine des complications graves pour les enfants, telles que la fièvre et des douleurs au niveau du ventre et la nausée. Elle se transmet à travers la consommation d’aliments ou d’eau contaminés.
Rappelons que Le directeur régional de la Santé Tarek Bennacer avait annoncé, dans une déclaration accordée à « Mosaïque FM » le mercredi 23 novembre 2022, le décès d’une fillette âgée de 8 ans suite à une infection de la bactérie Shigella. Selon la même source, la victime avait les symptôme de contamination par cette bactérie, son état de santé s’était dégradé et elle est décédée dimanche. Il avait précisé qu’elle aurait pu être sauvée si elle avait été prise en charge dès le début de l’apparition des symptômes.
A noter que la shigellose est par excellence une maladie de l’insuffisance d’hygiène. Les shigelles sont transmises par voie féco-orale. Elles sont extrêmement infectieuses puisque 10 à 100 bacilles suffisent à provoquer la maladie. L’homme est le seul réservoir et peut éliminer ces bactéries dans ses selles pendant des semaines après un épisode dysentérique. Le plus souvent, la transmission est directe, du malade à son entourage. L’eau et les aliments souillés par des déjections contenant des bactéries Shigella, ainsi que les mouches, peuvent également transmettre la maladie. Du fait de ses conditions de survenue, la maladie touche essentiellement les enfants vivant dans les régions pauvres et surpeuplées de la planète où les infrastructures sanitaires et l’hygiène individuelle sont insuffisantes, lit-on sur le site « Institut Pasteur ».
Le 4 février 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a été informée qu’un nombre inhabituellement élevé de cas d’infections à Shigella sonnei ultrarésistantes a été signalé au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et dans plusieurs autres pays de la Région européenne de l’OMS depuis la fin de l’année 2021.
Le coronavirus n’a pas dit son dernier mot
Le ministère de la Santé a indiqué , dans son dernier bilan publié le 20 décembre 2022 sur sa page officielle que 195 nouvelles contaminations par la COVID-19 ont été enregistrées durant la 50ème semaine de 2022 (du 12 au 18 décembre) sur un total de 3019 tests réalisés, soit un taux de positivité de 6,45%. Six décès ont été enregistrés durant la même période.
Selon le bilan susmentionné, depuis l’apparition de la pandémie en Tunisie en mars 2020, 1147477 cas d’infection au coronavirus ont été enregistrés dont 29279 décès et 1134174 rétablissements.
D’après le même bilan, 27 nouvelles hospitalisations ont été enregistrées dans les établissements de santé publics et privés durant la même période.
La grippe saisonnière regagne du terrain
Restés à des niveaux relativement bas au cours des deux dernières années, les virus de la grippe saisonnière ont regagné du terrain en Tunisie, a indiqué mercredi, le directeur général du Centre national de pharmacovigilance et membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus, Riadh Daghfous dans une déclaration accordée à l’agence TAP.
Dans le même contexte, Daghfous a expliqué que les virus de la grippe ont trouvé un terrain propice pour leur propagation et sont revenues en force après le déclin des indicateurs relatifs au coronavirus.
« Pendant les deux dernières années, le Coronavirus était prédominant et il n’a pas laissé de place aux autres virus ce qui a empêché le système immunitaire de développer les anticorps contre la grippe saisonnière »
Daghfous a souligné l’importance de la vaccination contre la grippe saisonnière.
Pour sa part, le médecin spécialisé en chirurgie pédiatrique, Souhail Alouini, a indiqué que la saison hivernale est généralement connue par la propagation des virus saisonniers avec leurs diverses mutations. La plupart des citoyens étaient habitués, depuis deux ans, à suivre des mesures préventives, comme se laver les mains et porter des masques, mais avec le recul du Covid-19, ces mesures ont été allégées, selon la même source. Et d’ajouter que » cela a permis aux virus de la grippe saisonnière de se répandre rapidement provoquant plusieurs maladies comme la bronchiolite chez l’enfant de moins de deux ans, qui affecte l’appareil respiratoire et provoque un essoufflement »
Ghada DHAOUADI