En discutant à nouveau la possibilité d’établir un dialogue national dans le but de trouver des solutions économiques, sociales et politiques dans un climat participatif, beaucoup estiment qu’il s’agit de la dernière chance pour pouvoir résoudre la crise actuelle. D’autres appellent, parallèlement, à élargir la structure des composantes du dialogue en soulignant qu’il ne devrait pas se limiter au « quartet » dans son ancienne composition.

Certains considèrent, d’ailleurs, qu’il faut garantir au moins la représentativité de l’association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) ou de la Dynamique Féministe d’une part, et du Forum tunisien des droits et des liberté (FTDES et du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) d’autre part ; et ce, en guise de reconnaissance qu’il s’agit aussi d’une crise relative à la liberté de l’expression et de la presse, mais aussi d’une régression au niveau des droits et de la représentativité des femmes dans les espaces publiques et dans les institutions.

En effet, ce qui semble remettre à l’ordre du jour la question d’un dialogue national est l’appel adressé récemment par le secrétaire général de l’UGTT à la présidence de la République pour se diriger vers un dialogue fondé, selon les mots de Taboubi, « sur la solidarité, la responsabilité et le sérieux », et accompagné d’un gouvernement capable de relever les défis, selon ses dires.

Dans le même contexte, des conjectures et des prévisions tournent autour d’une annonce imminente d’une nouvelle initiative de dialogue, notamment à l’issue de la dernière rencontre déroulée entre Noureddine Taboubi et Hatem Mziou, le président de l’Ordre national des avocats (ONAT), au siège de l’UGTT le 23 décembre courant. Selon le journal électronique officiel de l’UGTT « Echaab News », différents sujets relatifs à la situation générale du pays, aux résultats des élections législatives récemment tenues et à la situation socioéconomique ont été abordés lors de cette rencontre. D’après la même source, Taboubi et le bâtonnier Mziou se sont engagés au maintien de la coordination dans le but de « sauver le pays de tout dérapage ». 

S’agit-il du premier appel au dialogue depuis l’annonce des mesures du 25 juillet ? 

Quelques mois après cette date, un nombre de communiqués et de déclarations conjointes par certaines organisations avaient été publiés, pour appeler au dialogue, à faire participer les forces nationales et à établir un plan de travail clair et transparent pour la période à venir, en l’absence de tout retour officiel clair et toute réaction présidentielle concrète.

Ensuite, « la Coalition Civile pour la liberté, la dignité, la justice sociale et l’égalité », lancée par un nombre d’organisations (précisément le SNJT, le FTDES et l’ATFD) le 14 juillet 2022 et basée sur un ensemble de convictions et de positions y compris le refus des deux versions de constitutions et de tout le procès référendaire et électoral, avait exigé l’orientation vers un dialogue national « participatif, le rétablissement urgent du processus démocratique et la fixation d’un échéancier précis à l’état d’exception ».

Pour sa part, l’UGTT avait, à maintes reprises, appelé Kais Saied à lancer un dialogue national sous sa direction et sa présidence. Noureddine Taboubi avait indiqué, durant son mot prononcé à l’époque conjointement avec la journée internationale des travailleurs, que le dialogue doit être lancé avant « avant qu’il ne soit trop tard ». 

Mais finalement, le dialogue qui a coïncidé avec la promulgation de la nouvelle constitution était loin de toutes les propositions présentées et tous les appels lancés. En somme, la question demeure la même : entre les aspirations des organisations nationales et les composantes de la société civile et entre la vision du Président de la République relative au format du dialogue national et les critères de la sélection des participants, peut-on vraiment s’attendre à la naissance d’une solution intermédiaire ou à l’émergence d’un terrain d’entente ? Terrible impression de déjà-vu…

Rym CHAABANI