Serbes et Kosovars au bord du conflit armé ? Rien ne va plus, en effet, entre Belgrade et Pristina. L’armée serbe a indiqué avoir placé ses troupes en état d’alerte renforcée lundi soir, une situation qui souligne les tensions récentes au Kosovo voisin sur fond de tirs, d’explosions et de barrages routiers érigés. Le président de Serbie, Aleksandar Vucic, a ordonné à son armée « d’être au plus haut niveau de préparation au combat, c’est-à-dire au niveau de l’utilisation de la force armée », a déclaré le ministre serbe de la Défense, Milos Vucevic. Le général Milan Mojsilovic, chef des armées serbes, a été dépêché à la frontière avec le Kosovo, rapportent des agences de presse internationales.
La Serbie ne reconnaît pas l’indépendance de son ancienne province méridionale, peuplée très majoritairement d’Albanais, qu’elle avait proclamée en 2008. Elle encourage les 120.000 Serbes au Kosovo à défier les autorités locales, au moment où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur l’ensemble du territoire.
Sur fond de montée de tensions, plusieurs médias serbes ont diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux, dans laquelle on entend des coups de feu, affirmant qu’il s’agissait de « combats » survenus en début de soirée lorsque les forces kosovares ont essayé de démanteler une barricade. Ce qui a été aussitôt démenti par la police kosovare qui a affirmé sur sa page Facebook que ses membres n’avaient participé à aucun échange de tirs.
Les médias à Pristina ont affirmé, en revanche, qu’une patrouille de la Force de maintien de la paix au Kosovo (Kfor), mission de l’OTAN, se trouvait dans la zone de tirs. De son côté, le ministre kosovar de l’Intérieur, Xhelal Svecla, a indiqué que la patrouille de la Kfor avait été attaquée. Pour sa part, la Kfor a annoncé mener l’enquête sur des tirs « le 25 décembre, à proximité d’une patrouille de la mission de l’OTAN au Kosovo ». « Il n’y a pas eu de blessés ou de dégâts matériels », a-t-elle affirmé.
Début novembre, des centaines de policiers serbes intégrés à la police kosovare, ainsi que des juges, procureurs et autres fonctionnaires ont quitté leur poste en masse, pour protester contre une décision (désormais suspendue du gouvernement de Pristina) d’interdire aux Serbes qui vivent au Kosovo d’utiliser des plaques d’immatriculation délivrées par la Serbie. La situation avec le Kosovo est « au bord du conflit armé », avait d’ailleurs estimé la Première ministre serbe Ana Brnabic la semaine dernière.
(avec agences et médias)