La fripe est en grande difficulté. Elle vit une nouvelle crise qui se répercute inévitablement sur le consommateur. Les entreprises sont inquiètes. Une cinquantaine d’usines sous régime d’entrepôts industriels, importent et traitent la fripe. Ces usines sont appelées à exporter au moins 30% et transformer au moins 20% des quantités importées. 80.000 tonnes de fripes importées chaque année par les sociétés tunisiennes, principalement de France et de l’Italie. Environ 500 grossistes s’approvisionnent auprès des entrepôts de la fripe et vendent à leur tour, les vêtements d’occasion à plus de 50 000 détaillants dans tout le pays.
Le beau temps est fini maintenant, depuis trois ans. La fripe est en crise depuis le début de la pandémie du Coronavirus. On perd du terrain partout. ll est vrai qu’aujourd’hui le secteur traverse une période bien difficile en raison de la pandémie qui a considérablement impacté les échanges commerciaux tout en freinant l’importation des vêtements usagés. « Il y a une vraie évolution, explique Tahar, commerçant. C’est même beaucoup plus compliqué que pendant la crise du Covid. Les Européens ont découvert ce filon, ce qui explique d’ailleurs que la marchandise qui débarque à Tunis et ailleurs soit de moins bonne qualité. La fripe n’échappe pas à la flambée des prix ». La nouvelle loi de finances 2023 a encore impacté la filière comme le précise le président de la Chambre nationale syndicale des commerçants grossistes de friperie, Sahbi Maâlaoui, a précisé que « la fripe a été fortement impactée par la loi des Finances 2023 …. Le nouvel impôt est de un dinar le kilogramme. Il faut s’attendre à une augmentation de 20% des prix de vente des différents articles de friperie. Ce secteur n’est plus un produit destiné aux classes démunies, mais concerne surtout la classe moyenne ». Le résultat, une baisse des vêtements mis en vente dans les fripes .Même si les magasins de fripe sont bien achalandés, l’exercice se révèle un peu difficile pour nombre de parents. En effet, il n’est pas toujours évident de trouver son bonheur à des prix raisonnables.
Certains marchands ont saisi cette occasion pour tirer des profits excessifs. Les familles vont encore subir une autre saignée de la bourse laquelle se trouve pour une grande majorité déjà en difficulté. Il faut dire que l’achat des vêtements usagers reste une incontournable tradition pour les familles tunisiennes. Et c’est, justement, cette tradition qui les pousse à casser leurs tirelires pour satisfaire leur désir. Dans les boutiques de friperie, la fourchette des prix varie selon la qualité, la marque et l’origine du produit proposé à la vente. Mais la majorité des personnes s’accorde à dire que les prix sont élevés. « Pour une modeste somme d’argent, il est possible de dénicher de belles pièces, explique Senda.. La hausse est évidemment vertigineuse partout ! Les commerçants ne peuvent en aucun cas rater cette belle opportunité, de faire les bonnes affaires. Ils ne s’en cachent point et le reconnaissent avec un grand sourire. “Allah Ghalab, c’est la loi du marché ! Quoi qu’il en soit, la situation ne laisse plus de choix, même si la plupart de ceux que nous avons rencontrés soutiennent qu’avec la fripe ils parviennent à s’en sortir, même avec des prix élevés
Kamel Bouaouina