Comme prévu, les avocats ont observé, ce jeudi 5 janvier 2023, une « journée de colère » et se sont rassemblés en sit-in devant les tribunaux dans plusieurs villes de la Tunisie ; et ce, en guise de protestation contre la loi de finances pour 2023, laquelle comprend diverses mesures rejetées par l’Ordre national des avocats tunisiens (ONAT).
Dans la capitale Tunis, les avocats se sont rassemblés à 10h du matin au Palais de la Justice situé à Bab Bnet, où le bâtonnier Hatem Mziou a pris la parole, annonçant que le barreau tunisien compte « poursuivre et intensifier les luttes » dans le but de défendre les intérêts des citoyens tunisiens lésés par la loi de finances pour 2023 dans un contexte de crise socioéconomique et politique.
Mziou a réitéré, en outre, le rejet de l’ONAT des récentes poursuites judiciaires lancées contre un nombre d’avocats et activistes en vertu du décret n°54.
Dans une déclaration accordée aux médias lors de ce rassemblement, le bâtonnier a indiqué, par ailleurs, que les concertations relatives à « l’initiative nationale » se poursuivent avec certaines organisations nationales, soulignant que des propositions relatives à différentes problématiques politiques, sociales et économiques seront fournies au Président de la République. Mziou a noté, dans ce contexte, qu’il s’attend à une « interaction positive » de la part du chef d’État.
Cet événement de protestation organisé par l’ONAT sous le slogan « Non à l’accablement des citoyens. Non aux diktats du Fonds monétaire international », a été l’occasion d’aborder un certain nombre de questions sectorielles, notamment les conditions du travail au sein du secteur de la justice nécessitant une intervention d’amélioration, mais aussi certaines réformes et d’autres problématiques à l’instar de l’absence de tout mouvement judiciaire jusqu’à présent et la vacance au niveau d’un certain nombre de postes, notamment celui du procureur à la Cour d’appel de Tunis.
Hatem Mziou avait indiqué, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 4 janvier, que le barreau tunisien est actuellement victime d’une campagne de dénigrement et de diffamation sur fond du rejet de la loi de finances pour 2023 par l’ONAT. Parmi les allégations propagées, les avocats ont été accusés de vouloir profiter de l’évasion fiscale, avait précisé Mziou. « Un État qui se respecte cherche à préserver la réputation de ses élites. Nous ne permettrons pas, à partir de maintenant, que le barreau soit diffamé », avait-il notamment martelé. Le bâtonnier avait appelé, par ailleurs, à une « interaction positive » avec les revendications du barreau, notant que l’ONAT n’est pas le seul organisme qui a exprimé son rejet de la loi de finances 2023 et que d’autres secteurs et professions partagent la même position et considèrent que plusieurs rectifications doivent être effectuées dans un cadre participatif.
Rym CHAABANI