Par Samia Harrar
C’est tout de même incroyable, combien le déni est de nature à paralyser la simple faculté de réfléchir et d’analyser, chez un homme politique, pourtant aguerri, et passé par toutes les écoles, classé « es » maître en perfidie et en roublardise : Ghannouchi, pour ne pas le nommer, lequel, dans son dernier passage, pas très reluisant, auprès d’un média qui lui sert copieusement sa pâte à guimauve, trahit tellement son énervement, qu’il en est acculé à baragouiner, dans une logique très laborieuse, ses arguments de défense, en tentant de donner le change, sans toutefois y parvenir.
Le « Rached » d’aujourd’hui, pitoyable dans un costard taillé désormais pour une autre mesure, donne l’impression lorsqu’il « s’épanche », tout en distillant son « fiel » contre le régime de Kais Saied, de s’être tellement emmêlé les « pinceaux », qu’il en arrive à ne plus maîtriser une « faconde », qui se caractérisait jusque-là, tout au moins, en façade, par une certaine mesure. Le fameux « flegme britannique » en question. Lequel lui aura permis de faire illusion en paradant plus qu’à son compte pendant cette dernière décennie, tout en esquivant adroitement : traduire « sournoisement », en ne craignant pas de se « défausser », à chaque fois que sa posture d’islamiste en habits de dimanche, semblait poser problème puisque prise en défaut. Pour lui, comme pour une bonne partie de son clan, abstraction faite de ceux qui, par lassitude ou par calcul, ont préférer se détourner de lui, il n’est pas question de laisser tomber, ce pourquoi le parti Ennahdha, ou plus clairement les islamistes, se sont battus depuis le début : la mise à sac, après la mainmise, de tout un pays, la Tunisie. Cette Tunisie qui n’a eu de cesse de leur donner de « l’urticaire », parce qu’ils n’ont rien moins en horreur, que l’idéal républicain, dans lequel ils ne peuvent, évidemment pas se reconnaître. Et qui du reste, le leur rend bien.
Bourguiba, encore une fois, avait raison : envers, en dépit et contre tout, il avait fait quelque chose de solide ; qui restera après lui. C’est ce legs Bourguibien qui fait qu’aujourd’hui, nonobstant quelques poignées « d’irréductibles », trop compromis pour oser se démarquer de leur « Cheikh », le plus gros des troupes, s’il en est, s’est perdu en chemin. Ghannouchi, qui traîne ses « casseroles », outre celles de son clan, aura beau faire, et beau se démener sur tous les fronts pour tenter d’inverser la « vapeur », il sait, au fond de lui, qu’il a perdu la bataille, et que sa guerre, du reste, a achoppé sur un « mur », un certain 25 juillet 2021. Sur ce plan-là plus que sur tout autre, personne ne fera marche arrière…