Entre la hausse des prix, la chute du pouvoir d’achat et la pénurie de plusieurs produits de base notamment le café et le lait, les Tunisiens ne savent plus à quel saint se vouer. Dans les micro-trottoirs, ils appellent le président de la République, au sommet de l’exécutif, à mettre fin à cette crise socio-économique et à faire sortir le pays du bout du tunnel. Le 6 janvier 2023, le président Kais Saied avait limogé l’ancienne ministre du Commerce, Fadhila Rebhi à l’issue d’un entretien avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden sans expliquer les raisons de ce limogeage. La nouvelle ministre du Commerce Kalthoum Ben Rejeb avait prêté serment, jeudi 12 janvier 2023, devant le Président de la République lors d’une cérémonie, organisée au Palais de Carthage. »« La flambée des prix, la pénurie de certains produits de base, la provocation des crises et les tentatives, désormais connues de tous, ne peuvent plus durer », avait -il averti le 30 décembre 2022. Le 5 décembre 2022, il a appelé à l’augmentation de la production du lait. La pénurie des produits a été évoquée maintes fois par Saied dans plusieurs occasions. La plus récente a eu lieu le 3 février lors d’une réunion entre le chef de l’Etat, la cheffe du gouvernement Najla Bouden, la ministre du Commerce et du développement des exportations, Kalthoum Ben Rejeb, et la Directrice Générale de la Douane, Najla Jaouadi, selon un communiqué rendu public le 3 février 2023.
Des raisons « non naturelles »!
La réunion a abordé les raisons de la perte ou de la rareté d’un certain nombre de produits alimentaires, qui sont généralement des raisons non naturelles qui ont conduit à ce phénomène que la Tunisie n’a pas connu même lorsqu’elle a connu des crises économiques majeures au cours des dernières décennies.
Selon le communiqué susmentionné, le chef de l’Etat a souligné que ce n’est plus un secret pour personne que quiconque se tient derrière la continuité de ce phénomène cherche par tous les moyens à alimenter la situation sociale afin d’en bénéficier politiquement, et a précisé que le peuple tunisien réclame des poursuites pour tous ceux qui ont commis des crimes contre eux et tous ceux qui cherchent à les affamer. Et d’ajouter que Saied a indiqué que toutes les autorités concernées de l’État devaient assumer leurs responsabilités et la nécessité de constituer un stock stratégique pour s’opposer aux tentatives désespérées de créer des crises.
Appel à la libéralisation totale du secteur du café
La pénurie de café frappe la Tunisie depuis plusieurs semaines. Le 4 février 2023, la Chambre syndicale des torréfacteurs de café relevant de l’UTICA, a appelé dans un communiqué, à libéraliser totalement le secteur et à l’ouvrir à la concurrence, que ce soit pour importer du café vert ou pour fixer les prix de vente des cafés torréfiés et solubles importés.
Elle a exhorté les autorités à honorer leurs promesses et à respecter leurs engagements dans ce sens, afin de permettre aux industriels nationaux de fournir le café en quantités suffisantes et en bonne qualité aux consommateurs tunisiens.
Selon la même source, « l’Office du commerce de Tunisie qui détient le monopole de l’approvisionnement du marché national en café n’est plus capable, face à la montée continue des prix du café à l’échelle internationale, de satisfaire les besoins des usines nationales de torréfaction ».
« Vu que l’augmentation des prix sur les marchés internationaux n’a pas été prise en considération dans la structure des prix fixée par le ministère du Commerce et du Développement des exportations, le secteur traverse depuis plus de 7 mois une crise sans précédent, ayant causé la fermeture de plusieurs usines de torréfaction pour plusieurs semaines, menaçant ainsi, leur pérennité » Et d’ajouter que la chambre a précisé qu’« outre la grande pénurie de café vert sur le marché local, les usines du secteur subissent des pertes colossales à cause du gel des prix depuis plus de deux ans. Malgré nos appels réitérés pour trouver des solutions radicales aux crises du secteur, les autorités n’ont pas réagi à nos revendications ».
Dans le même contexte, la chambre a mis en garde contre la prolifération du marché parallèle, suite au manque enregistré en café vert, ce qui menace le tissu industriel national et la santé des citoyens en l’absence de contrôle sur la qualité du produit commercialisé.
Ghada DHAOUADI