« Le problème n’est pas que vous n’ayez pas été éduqué. Le problème est que vous avez été éduqué juste assez pour croire ce qu’on vous a enseigné, mais pas assez pour remettre en cause tout ce qu’on vous a dit. » avait dit le fameux Edgar Morin un jour. C’est pourquoi les pédagogues, les sociologues et les psychologues expriment leur ras le bol sur leurs pages Facebook, dans des études et même dans des articles scientifiques des lacunes du système éducatif tunisien empêchant le développement de l’esprit critique de l’élève. Depuis des années, les ministres de l’éducation se succèdent avec plus de promesses que des accomplissements; ils parlent tous des mêmes problèmes, ils évoquent des plans bien élaborés et des solutions « miraculeuses » pour améliorer le système éducatif mais il semble qu’on tourne dans un cercle vicieux. Plusieurs réformes ont été proposées notamment rendre le concours du 6 ème année obligatoire; une mesure qui a suscité des avis mitigés chez les parents tunisiens. Mohamed Ali Boughdiri, titulaire d’un doctorat en Chimie de la Faculté de Tunis, a été désigné lundi 30 janvier 2023, ministre de l’Éducation, par le président de la République. Boughdiri avait estimé que les problèmes seront résolus grâce au dialogue, soulignant que l’invitation sera adressée aux différents intervenants et parties sociales afin d’entamer les réformes nécessaires. Une semaine après sa désignation, le nouveau ministre de l’Education a été présent au palais de Carthage dans une réunion présidée par Saied pour parler du projet de texte organisant le conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement crée conformément à la constitution du 25 juillet 2022.
Projet de texte organisant le conseil supérieur de l’éducation
Le président de la République, Kais Saied a présidé lundi une réunion au palais de Carthage, axée sur le La réunion a été, également, marquée par la présence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Moncef Boukthir, et le ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, Nasreddine Nsibi.
Le chef de l’Etat a souligné l’importance de l’éducation et de l’enseignement, deux secteurs marquant la souveraineté de l’Etat, rappelant que la valeur des compétences tunisiennes à l’étranger est inestimable.
Dans le même contexte, Saied a affirmé l’importance de l’enseignement public et l’impératif de mettre en place une conception globale des différentes étapes de l’éducation. Le président de la République a également noté l’importance d’accorder l’encadrement nécessaire aux cadres éducatifs ainsi que l’importance de la formation professionnelle. Le président de la République a aussi évoqué l’importance des activités parallèles dont le théâtre, l’art, la calligraphie, meilleur processus permettant de préserver les valeurs de la liberté et de la justice face aux différentes formes de l’extrémisme.
« Il est temps de consacrer l’égalité des chances entre tous les élèves »
» Il est temps de consacrer l’égalité des chances entre tous les élèves et d’assurer la bonne gouvernance « , a souligné Mohamed Ali Boughdiri, ministre de l’éducation.
» Il est aussi temps de recourir à la décentralisation dans la prise de décision et de garantir la transition numérique globale du secteur de l’éducation pour développer l’enseignement en ligne « , a-t-il ajouté dans son intervention lors d’un séminaire national organisé du 03 au 05 février en cours en partenariat avec l’UNICEF, selon l’agence TAP.
Le ministre a reconnu que le système éducatif connait depuis des décennies plusieurs difficultés dont la baisse du niveau des élèves et l’absence d’un système d’évaluation obligatoire autre que l’examen du baccalauréat.
Il a aussi déploré la détérioration de l’infrastructure et la faiblesse des budgets outre la mauvaise gouvernance et le manque de formation des enseignants.
Selon la même source, parmi les objectifs stratégiques du ministère pour la période 2026-2035, la garantie d’un cadre éducatif attractif ouvert sur son environnement extérieur et d’un enseignement de qualité fondé sur les valeurs humaines.
Chiffres et lettres!
En Tunisie, depuis l’indépendance, le taux de scolarisation a augmenté considérablement, mais cette augmentation cache beaucoup de problèmes tels que le problème de l’abandon scolaire, la dépréciation des établissements éducatifs publics, la discrimination dans le système scolaire et le problème de qualité de l’enseignement, lit-on dans le rapport « état des lieux et disparités du système éducatif tunisien » (Avril 2022) publié par l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ)
Le classement alarmant de la Tunisie (65ème rang) dans l’enquête PISA1 ( menée par l’Organisation
de Coopération et de Développement Economique) de 2015 atteste de la dégradation du niveau éducatif de sa jeunesse, ce classement reflète des lacunes au niveau des trois
domaines à savoir les mathématiques, les sciences et l’expression. Et d’ajouter que Selon le dernier rapport de l’OCDE , autour de 2/3 des élèves tunisiens quittent l’école avant d’acquérir les compétences de base en sciences, lecture et mathématiques, selon la même source.
Par ailleurs, le système éducatif tunisien reste marqué par le nombre très élevé
d’élèves qui abandonnent les bancs scolaires ainsi près de 100 000 enfants d’âge
scolaire restent en-dehors du système éducatif chaque année.
En Tunisie le taux de scolarisation à l’école primaire est de 99% mais ce taux ne dépasse pas les 75% pour enfants de 12 à 18 ans c.à.d. au Collège et au Lycée, ainsi, la Tunisie est quasiment parvenue à l’éducation de base universelle mais ces progrès quantitatifs ont été réalisés au détriment de la qualité. Néanmoins, plus d’un adolescent sur quatre en âge d’être scolarisé au niveau du secondaire et n’ayant pas fréquenté un collège ou un lycée. Aussi environ 5% des enfants se trouvent encore dans le primaire et le reste se trouve en dehors du système éducatif, bien que l’école soit obligatoire jusqu’à 16 ans en Tunisie, 50 000 adolescents de 11 à 14 ans ne sont pas scolarisés contre 55 000 qui sont scolarisés mais se trouvent en risque de décrochage. Pire encore, plus de 10% des jeunes entre 15 et 19 ans sont non, scolarisés, sans formation et sans emploi, et font partie de la catégorie «NEET» (Not
in Education, Employment or Training), soit environ 93 000 individus, lit-on encore dans le rapport susmentionné. Et d’ajouter qu’en principe, les programmes d’éducation s’adressent à tous, néanmoins, les capacités et les ressources diffèrent d’une région à une autre. En effet, l’environnement des élèves vivants dans les zones de l’intérieur est particulièrement riche, cependant, la méthode d’éducation au niveau primaire reste la même dans toutes les régions et consiste à « répéter et écrire au
tableau » toutefois les outils pédagogiques tels que les matériaux d’illustration sont rarement utilisés. Ainsi, pour capter l’attention des élèves et les inciter à s’intéresser plus à l’école, différentes matières telles que la science naturelle, les mathématiques et la géométrie peuvent être enseignées dans le cadre d’ateliers de jardinage. Cette approche, s’intéresserait le plus à la manière de transmission des qualifications de base ainsi, la manière d’apprendre devient plus importante que le contenu en lui-même. Le meilleur exemple connu, est celui de l’école Finlandaise où le système déployé est plutôt
décentralisé et, fondé sur la totale confiance accordée aux enseignants.
Ghada DHAOUADI