« Arrêtez la criminalisation de l’opinion dissidente ! ». Dans un communiqué publié jeudi, la Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme (LTDH) a indiqué qu’elle « suit avec grande préoccupation l’amplification du rythme des poursuites» et ce qui a été qualifié d’ « arrestations arbitraires à l’encontre de nombreux activistes syndicalistes, politiques, journalistes et avocats ».
« Ces activistes syndicalistes, politiques, journalistes et avocats poursuivis en justice ou arrêtés harcelés sur la base de leurs activités et opposition à la politique du Président de la République et les choix de son Gouvernement. Plusieurs d’entre eux se sont vus accuser sur fond de lutte contre le terrorisme et, de ce fait, ont été empêchés de rencontrer leurs avocats pendant les premières 48 heures suivant leur garde à vue. Les autres n’ont pas été informés des crimes pour lesquels ils ont été arrêtés », souligne notamment la LTDH.
Par ailleurs, « l’un des activistes politiques arrêtés a été violemment agressé par les agents des forces de l’ordre ce qui lui a causé de graves séquelles corporelles ». La LTDH a également observé des « arrestations suite à des descentes nocturnes caractérisées par des violations juridiques adoptant une procédure spectaculaire et violente dévoilant l’adoption du ministère de l’intérieur d’une politique d’intimidation et de harcèlement »
Tout en rappelant son attachement au principe de la primauté et à la souveraineté de la loi et à l’obligation de rompre avec le phénomène de l’impunité et la non redevabilité, la LTDH appelle à ce que les poursuites se fassent conformément à la loi avec le total respect aux normes d’un procès équitable. Elle met en garde contre toute atteinte aux droits et libertés et rejette toute forme illégale de restriction et harcèlement à l’encontre des activistes syndicalistes, politiques, journalistes et avocats en raison de leur opinion différente et leur exercice de leur droit de critique et d’expression.
La Ligue dénonce, par ailleurs, ces arrestations qualifiées « d’arbitraires » et les « descentes nocturnes violentes terrorisant enfants et familles ». Elle « exige la nécessité de respecter les procédures légales et tous les droits des présumés innocents lors de leur arrestation ou garde à vue, refuse la parution devant la justice des politiques sur fond de la loi antiterroriste comportant des mesures d’exception leur interdisant de communiquer et de rencontrer leurs avocats et appelle toutes les forces vives civiles et démocratiques à s’unir et à coordonner leurs luttes communes pour la protection des acquis des droits et libertés, le respect des droits humains publics, individuels et autres droits civils et politiques et la défense de la liberté d’opinion et d’expression, de la presse libre et indépendante et de l’Etat de droit et des institutions dont l’indépendance de la justice et le droit à un procès équitable sont les piliers les plus importants…», lit-on encore dans le communiqué.
La LTDH a dénoncé, en outre, « l’arrestation du directeur général de Mosaïque FM, Noureddine Boutar, et son interrogatoire à propos de la ligne éditoriale de l’institution » tout en considérant qu’il s’agit « de la constitution : d’une grave préjudice et d’une atteinte flagrante à la liberté d’expression et d’opinion, et d’une menace contre la presse libre et indépendante accompagnée d’une tentative d’intimidation contre les journalistes », d’après les mots du communiqué, et a retiré, dans le même contexte, son « soutien absolu à la liberté d’opinion et d’expression et sa totale solidarité avec tous les journalistes et acteurs de l’information ».
Rym CHAABANI