Le 24 décembre 2022, la cheffe du gouvernement Najla Bouden a présidé un conseil ministériel restreint consacré à l’examen de la situation des migrants illégaux résidant dans le complexe des jeunes à La Marsa. Après délibération, en présence de toutes les parties concernées : le ministère de la justice, le ministère des affaires étrangères et le ministère de l’intérieur, il a été convenu qu’ils devaient procéder à leur expulsion en raison de leur statut illégal, à condition que les procédures commencent dès que possible.
Moins de deux mois après ce conseil ministériel, la migration des subsahariens en Tunisie divise les Tunisiens en deux catégories à cause de leurs avis mitigés en rapport avec cette thématique ; certains pensent qu’il ne faut pas être racistes et qu’il faut accepter les subsahariens chez nous et les aider à réglementer leurs situations. D’autres, par contre, mettent en garde contre ce phénomène et parlent même de « la colonie des migrants subsahariens ».
Saied : « Cette situation est loin d’être normale ! »
Le 21 février 2023, le président de la République s’est exprimé sur le phénomène susmentionné. Il a mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures urgentes pour mettre fin et « au plus vite » du phénomène de l’afflux massif de migrants irréguliers de l’Afrique subsaharienne vers la Tunisie.
Cette situation est « loin d’être normale », d’autant plus que les foules de migrants irréguliers en provenance d’Afrique subsaharienne continuent d’affluer vers la Tunisie, selon un communiqué rendu public.
D’après Saied, la poursuite de l’afflux des migrants irréguliers subsahariens vers la Tunisie a véhiculé une montée en puissance de la violence, de la criminalité et autres pratiques « inacceptables » et répréhensibles par la loi. Dans le même contexte, le président a appelé à une mobilisation tous azimuts, plaidant en faveur d’une action diplomatique, sécuritaire et militaire assortie d’une application stricte et vigoureuse de la loi régissant le statut des étrangers en Tunisie.
Le président a ajouté que les vagues successives de migration irrégulière vers la Tunisie s’inscrivent dans le droit-fil d’un projet dont les visées son occultes tendant à cantonner la Tunisie dans sa seule dimension africaine qui n’a identité ou affinité à la nation arabo-musulmane. Saied a souligné que la Tunisie est fière de son appartenance africaine, rappelant que le pays était un des Etats fondateurs de l’Organisation de l’union africaine et a soutenu de nombreux peuples dans leur lutte pour la libération et l’indépendance.
Le FTDES tire la sonnette d’alarme
“L’Afrique aux Africains”, c’est ce qu’a déclaré le président Kais Saied lors de son discours au sommet Europe-Afrique à Bruxelles le 17 février 2022. Cependant, les derniers évènements survenus en Tunisie vont à l’encontre de la déclaration du président Kais Saied, au vue de la campagne lancée par l’appareil sécuritaire intitulée “Renforcement du tissu sécuritaire et réduction du phénomène du séjour irrégulier en Tunisie”, qui se traduit depuis quelques jours par des vagues d’arrestations massives, lit-on sur le site du FTDES.
Ces derniers jours, plus de 300 migrants ont été arrêtés, placés en garde à vue et déférés devant la justice. Ils ont été arrêté à la suite d’un contrôle d’identité « au faciès » ou même à la suite de leur présence devant les tribunaux en soutien à leurs proches, selon un article du FTDES intitulé « Arrestations arbitraires et campagnes haineuses à l’encontre des personnes migrantes d’origine subsaharienne en Tunisie « publié le 16 février 2023.
Aujourd’hui, selon la dernière étude de l’Institut National de Statistique, datant de 2021, le nombre de migrants s originaires de l’Afrique subsaharienne en Tunisie serait de 21 466, incluant les étudiants Ces chiffres démentent les discours racistes discriminatoires fondés sur l’amplification et l’approche sécuritaire du traitement des questions migratoires en Tunisie, a indiqué le FTDES.
Selon la même source, les violations des droits humains sont signalées quotidiennement, allant du traitement inhumain et dégradant, la détention arbitraire aux frontières sous la menace d’armes, à la confiscation des téléphones, à la privation d’accès aux soins médicaux. Et d’ajouter que le problème du statut administratif des migrant.es subsahariens présente un défi humanitaire qui nécessite une réponse respectueuse des droits et intégrant les personnes marginalisées, plutôt que des approches sécuritaires répressives.
Plusieurs associations et organisations ont signé à cette déclaration commune. Ils appellent le gouvernement tunisien à respecter ses engagements envers la mise en œuvre des accords internationaux relatifs aux droits des travailleurs migrants et des réfugiés ainsi que les recommandations de l’examen périodique universel et du Comité des travailleurs migrants. Les organisations ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la marginalisation des groupes les plus vulnérables, en particulier les personnes migrantes en Tunisie, qui souffrent déjà d’exclusion sociale et vivent dans la pauvreté, privés d’un accès à un travail décent et formel , de toute source de revenus, d’une situation administrative aggrave leur souffrance et les oblige, ainsi que leurs familles, à faire face à des défis qui ne peuvent être surmontés que par l’intervention courageuse du gouvernement pour les aider, lit-on sur le site du FTDES.
Ghada DHAOUADI