Un collectif d’associations et d’organisations a fait part de son rejet catégorique des déclarations données par le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, en marge de sa visite hier, mardi, à Ben Guerdane, dans le cadre de la commémoration du 7e anniversaire de l’épopée du 7 mars.
Le ministre avait affirmé que « ceux qui nous font tympaniser les oreilles à travers les slogans de l’immunité parlementaire, de l’immunité judiciaire et qui brandissent à cor et à cri le sacré devoir incombant aux médias et aux syndicalistes, sont bien loin de faire office de bon juge, de bon syndicaliste ou encore de bon journaliste.
Dans une déclaration commune, les signataires ont demandé au ministre de l’Intérieur de présenter des excuses officielles sur fond de ses propos « violents, dangereux et hâtifs », appelant à les supprimer des pages officielles du ministère de l’intérieur sur les réseaux sociaux.
Ils lui ont également fait porter la pleine et entière responsabilité des retombées de son discours sur la sécurité des journalistes, des militants syndicaux, des civils et des hommes politiques.
Le collectif de la société civile a estimé que le ministre de l’intérieur s’est empressé » à mettre tout le monde dans le même panier et a incité contre les organes intermédiaires « , ajoutant que ses dires sont déplacés et démesurés et n’ont aucune affinité avec le contexte politique de l’évènement.
Ces déclarations, fustige encore le collectif, penche plutôt pour un » discours fragmentaire et sectaire » au lieu de prôner » l’unité nationale et la mobilisation collective » face au terrorisme.
Le collectif des associations et organisations rappelle que les forces vives de la société civile tunisienne, les médias, les syndicats et la société civile et politique, ont formé ensemble le vivier essentiel face à la menace terroriste.
C’est ainsi qu’ils ont payé un lourd tribut suite au discours d’incitation, de violence et de menaces de mort les visant, ce qui a abouti à l’assassinat des deux martyrs, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Dénonçant les propos de Charfeddine, les signataires ont tenu aussi à souligner que ces déclarations auront un impact négatif sur les classements internationaux en matière de liberté de la presse, qui, ont-t-ils regretté, a affiché une remarquable régression suite à la politique répressive du gouvernement actuel contre les médias et les journalistes.
Parmi les composantes de la société civile signataires de cette déclaration commune, figurent l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH), l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, l’Association tunisienne pour la défense des libertés individuelles et l’Organisation tunisienne contre la torture.