Décidément, la Tunisie aura son ambassadeur à Damas, a annoncé le président Kais Saied sans pour autant en préciser la date. C’était lors de son entretien, vendredi, au palais de Carthage, avec le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, dont la teneur a été diffusée via une vidéo sur la page officielle Facebook de la présidence de la République.
Dans cet entretien, le président Saied a estimé » qu’il n’y a aucune justification ou motif à ne pas avoir un ambassadeur tunisien à Damas ou d’un ambassadeur de la République syrienne à Tunis. « , ajoutant que » la question du régime en Syrie est une affaire purement syro-syrienne et que la Tunisie traite avec l’Etat syrien et n’a absolument rien à voir avec les choix du peuple syrien. »
Le président Kais Saied a souligné qu’il » n’est plus question pour la Tunisie de voir la Syrie, un pays fragmenté et dépecé en miettes, comme ils se sont évertués à le faire par le passé les ingénieurs de l’accord Sykes-Picot lorsqu’ils avaient élaboré des projets de constitutions destinés à des micro-états potentiellement issus de l’Etat syrien. »
L’ancien président Mohamed Moncef Marzouki avait décidé de rompre totalement les relations diplomatiques avec la Syrie en février 2012 en raison des événements qui se déroulaient à l’époque sur le territoire syrien, événements qui se sont si vite virés en un conflit armé sanguinaire visant à renverser le régime de Bachar al-Assad, avant que Béji Caïd Essebsi n’en décide en 2015 à l’époque où il était président de la République, de nommer un consul général à Damas.
En 2017, un projet de pétition parlementaire plaidant un retour des relations avec la Syrie a échoué et n’a pas eu de suite. Depuis son accession à la présidence du pays, Kais Saied a considéré la rupture des relations avec la Syrie comme étant une » erreur « , une gaffe « , promettant de rétablir les relations avec l’Etat syrien dans le prochain futur.
Dans ce contexte, un entretien téléphonique a eu lieu en début du mois de mars entre les ministres des affaires étrangères des deux pays, respectivement Nabil Ammar et Fayçal Mekdad.
Les deux parties ont réitéré « le souhait de voir les relations bilatérales fraternelles entre la Tunisie et la Syrie revenir à la normale », notamment, à travers la promotion du niveau de représentation diplomatique et l’échange de visites des responsables des deux pays », a-t-on appris d’un communiqué du département des affaires étrangères publié à cet effet.
Evoquant les travaux de la 159e session ministérielle du Conseil de la Ligue des Etats arabes qui s’est tenue la semaine dernière au Caire, le président Saïed a saisi l’occasion lors de son entretien aujourd’hui avec le ministre des Affaires étrangères, pour mettre en avant le rôle-clé joué par la Tunisie à travers un de ses militants dans l’élaboration d’une Constitution pour la République arabe unie à la ville sainte d’Al-Qods en 1955 et son accueil du siège de la Ligue arabe pendant de nombreuses années.
A cet égard, le chef de l’Etat a fait part de la fierté de la Tunisie de son appartenance à la nation arabe, à la nation islamique, à l’Afrique et à l’humanité tout entière, affirmant que la Tunisie appréhende les questions et les problématiques de l’heure selon cette optique et non selon une approche reposant sur des idées et visions préconçues depuis le début du XXe siècle.
Il a ajouté qu’il est temps, grand temps de mettre fin aux atrocités, aux souffrances et déboires des peuples, au premier rang desquelles celles dont le peuple palestinien, ajoutant que plusieurs peuples africains endurent jusqu’à présent un sort tragique « malgré les énormissimes richesses dont disposent leurs pays. »
La Tunisie aspire à une solution à l’humanité tout entière. Une solution reposant sur les valeurs de justice, de l’honnêteté et du dialogue franc et non une solution confectionnée selon des standards et normes provenant de l’étranger.