Après une résolution, pour le moins musclée, lâchée récemment par le Parlement européen, une délégation de la Commission de l’Union européenne évoque désormais des « perspectives de coopération tuniso-européenne dans le domaine de la migration ». Plusieurs pays ont appelé par ailleurs à « trouver une solution », notamment l’Italie qui a appelé récemment le FMI à soutenir la Tunisie pour éviter un nouvel afflux de migrants vers l’Europe. Entretemps, une délégation européenne de haut niveau a affirmé mardi à Tunis la « disposition de l’Union à poursuivre le partenariat avec la Tunisie ». Entre les communiqués accablants et les déclarations rassurantes, ce flux et reflux, pour le moins que l’on puisse dire sinueux, entre la Tunisie et l’Europe en ce qui concerne le dossier migratoire fait poser plus d’une question.
Les perspectives de coopération tuniso-européenne et les moyens de la soutenir davantage, en particulier dans le domaine de la migration figurent, également, parmi les axes discutés lors de cette réunion. La délégation de haut niveau effectue actuellement une visite en Tunisie conduite par le Directeur général pour le voisinage et les négociations d’élargissement à la Commission européenne, Gert Jan Koopman. Selon un communiqué, cette visite officielle prévoit plusieurs rencontres avec des acteurs institutionnels, notamment le ministre de l’Économie et de la Planification, le ministre des Affaires sociales, la ministre de l’Energie, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et des représentants du ministère de l’Intérieur, ainsi qu’avec des partenaires européens et internationaux de l’Union européenne présents en Tunisie et des acteurs non-étatiques.
Rappelons que le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité a indiqué, le 20 mars 2023, que « l’Union européenne s’inquiète de la détérioration de la situation économique et politique de la Tunisie et redoute un effondrement du pays » Dans une déclaration accordée aux médias à l’issue de la réunion du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères, Borrell a averti que « l’effondrement de la Tunisie entraînerait la recrudescence des flux migratoires, ce qui aura, selon lui, un impact négatif sur la sécurité et la stabilité de la région MENA et des deux rives de la méditerranée ».
Dans le même contexte, Borell a estimé que la situation est « très grave », en Tunisie, appelant à aider ce pays qui représente un partenaire de l’UE. Il a affirmé avoir chargé deux membres du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères de se rendre en Tunisie pour » évaluer la situation et soumettre un rapport afin de permettre à l’Union européenne d’orienter ses mesures ». Selon la même source, la mise en œuvre des réformes structurelles est tributaire du respect de la loi et des droits de l’homme. Il a ajouté que le président de la République Kais Saied doit conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).
Les Tunisiens ont pris connaissance et certainement bonne note de la déclaration faite par le Haut Représentant de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité, le 20 mars 2023, jour de la fête Nationale de la Tunisie, et qui coïncide avec la fête de la Francophonie, dont la Tunisie est co-fondatrice, et Présidente en exercice, lit-on dans un communiqué publié le 21 mars 2023 par le ministère des Affaires étrangères, de la migration et des tunisiens à l’étranger. Les propos prononcés sont disproportionnés tant au vu de la résilience bien établie du peuple tunisien tout au long de son histoire, que par rapport à une menace migratoire vers l’Europe en provenance du sud, selon la même source. Ces propos sélectifs continuent d’ignorer toute responsabilité dans la situation qui a prévalu en Tunisie et ailleurs, notamment depuis 2011 et jusqu’au 25 juillet 2021. Saluant le soutien constructif de plusieurs partenaires dont l’Italie voisine, la Tunisie reste ouverte à un partenariat responsable, respectueux, et d’égal à égal avec tous ses partenaires, comme largement reflété par le communiqué du Conseil des Affaires Etrangères de l’Union Européenne, du même jour, lit-on encore dans le communiqué susmentionné.
Ghada DHAOUADI