Par Raouf KHASLSI
« Tout ce qui est fait pour nous, sans nous, est fait contre nous », disait le grand Mandela. C’est que la Tunisie serait au bord de « l’effondrement » selon les gros bonnets des relations géostratégiques. On connait leur façon d’opérer : impossibilité de hiérarchiser les valeurs, c’est-à-dire, du pur nihilisme décapant sur fond de remise en question des causalités (ils oublient la décennie noire) ceci d’un côté. De l’autre, un jeu pavlovien tendant à terroriser les Tunisiens, sans avancer des solutions, mais ajournant techniquement les constats définitifs : la procrastination faite d’attentisme pour voir si l’Etat tunisien mord à l’hameçon.
Pour autant, Antony Blinken rejoint (encore une fois) le staff des habiles marionnettistes qui, il faut bien le reconnaître, ont bonne presse auprès de ceux qui vivent sur les décombres d’un système ayant ruiné le pays. Là, nous sommes sur le terrain visqueux du lobbying.
Pour Joseph Borell, Antony Blinken et tout le clan, la Tunisie « s’effondrera si le FMI ne débloque pas ce satané prêt ». Les freins, ils l’imputent au gouvernement tunisien qui n’aurait pas satisfait aux exigences du FMI. Or, le FMI a bien assoupli ses positions et, dans tous les cas de figures, cet argent viendra renflouer les caisses de l’Etat, parce que, sur l’épineux problème des subventions, les deux parties sont d’accord sur le principe, pas encore sur les délais. Quant aux privatisations des entreprises publiques déficitaires, l’adhésion, même partielle de l’UGTT, finira par se faire. Parce qu’il n’y a pas d’autre issue.
Que préconisent comme solutions, Joseph Borell et Antony Blinken ? Rien de réellement économique et de financier. Parce que, dans leur esprit, la Tunisie ne serait plus dans la transition démocratique (celle d’Ennahdha) et qu’il faut réinstitutionnaliser l’Etat de haut en bas.
C’est ce qui fait dire au président algérien que la Tunisie fait face à un complot. Tabboune se tient aux côtés de la Tunisie et de Saied depuis le tournant du 25 juillet. Cela rejoint aussi les théories complotistes étayées par Saied depuis cette date.
Quelque part, l’appui de l’Algérie ne doit pas, lui non plus, tourner au conditionnement. Un complot contre la Tunisie embraserait toute la région. Le conditionnement est donc partagé de fait.
Nos problèmes, ce sont nos problèmes. La Tunisie, ce n’est pas le musée aux horreurs et encore moins une bête de cirque…Le cirque est plutôt chez ceux qui n’ont rien compris à une certaine façon d’être tunisien…