Contrairement à toute attente, l’agence de notation Fitch Rating a relevé avant-hier les notes d’émission des obligations à long terme en devises étrangères et locales de la Tunisie de « CCC » à « CCC+ ». Une mise à jour ou encore une erreur à corriger, dit-on dans l’application des notations de défaut des émetteurs à long terme en devises étrangères et locales (IDR). Sitôt l’Europe et les Etats-Unis changent de ton, multiplient leur appel pour sauver la Tunisie de l’effondrement, l’agence de notation américaine relève les notations d’émission de la Tunisie à long terme et upgrade la note nationale à long terme de l’Arab Banking Corporation à AA+ avec perspectives stables. A quoi joue au juste « ommek sannefa » ?
Malgré une faible stabilité politique, un affaiblissement des institutions de l’Etat et le creusement du déficit des finances publiques, Fitch Rating, a procédé jeudi à relever ou « à corriger » comme bon lui semble, la note d’émission des obligations à long terme en devises étrangères et locales de la Tunisie. Sans apporter des précisions détaillées sur le pourquoi de ce « upgrade » qui reste pour le moins qu’on puisse dire inexplicable, « la mise à niveau corrige une erreur dans l’application des notations de défaut des émetteurs à long terme en devises étrangères et locales (IDR) aux notations d’émission concernées au moment de la dernière révision, soit le 1er décembre 2022 », précise un communiqué de l’agence de notation. C’est dire que ces institutions de notation internationale ne sont pas exemptes d’erreurs.
Rappelons, que les agences de notation financière sont des entreprises privées qui apprécient le risque de solvabilité financière d’une entreprise, d’un État, d’une collectivité locale ou d’une opération financière. Elles examinent les émetteurs de titres de dette (les obligations , par exemple). Leur mission est d’apprécier la capacité de ces émetteurs de dette à faire face à leurs engagements financiers. Il s’agit de mesurer le risque de faillite ou de non-remboursement. Ce risque se traduit sous la forme d’une note. Pour la déterminer, les agences de notation construisent des scénarios financiers prévisionnels et évaluent leur probabilité.
La Tunisie a un score de pertinence ESG (RS) de « 5 » tant pour la stabilité politique que pour l’Etat de droit, la qualité institutionnelle et réglementaire et le contrôle de la corruption. Ces scores reflètent le poids élevé que les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale (WBGI) ont dans notre modèle exclusif de notation souveraine. La Tunisie a un classement WBGI moyen au 44e centile, reflétant une faible stabilité politique, un état de droit et des droits de participation au processus politique établis mais affaiblis et une capacité institutionnelle modérée et un niveau de corruption perçue.
Toutefois, un engagement continu envers la mise en œuvre des réformes soutenant la performance et le financement des programmes du FMI pourrait améliorer la note de la Tunisie d’ici le 9 juin 2023. Entre temps, il y a les réunions du printemps de la Banque Mondiale et du FMI, un rendez-vous décisif pour la Tunisie.
Yosr GUERFEL AKKARI