Par Raouf KHALSI
On comprend la gêne du ministre de la Santé face à la question posée par un confrère sur l’état de santé du président. Parce que, justement, la santé d’un président de la République est une chose trop sérieuse pour ne pas faire l’objet d’une communication officielle. Parce qu’en plus, il est de notoriété publique que cela reste un tabou alimentant toutes formes d’extrapolations, de minimisation ou, simplement, d’instrumentalisation. En ce qui concerne ce mystère (c’en est un) il y a à déplorer ce déficit de communication, alors que le peuple est en droit de savoir ce qui se passe. L’ennui c’est que personne, au Palais, pas plus qu’au sein du gouvernement, n’est habilité à le faire. Précisément, parce que seul le président parle à travers la page officielle de la présidence. Et il a tellement habitué les Tunisiens à intervenir sur tout que, finalement, un retrait aussi brusque ne pouvait ne pas inquiéter.
Maintenant (du moins à l’heure où nous mettions sous presse), c’est un peu la foire.
C’est aussi l’affrontement, via des pages facebbok, entre les sensibilités proches du président et le conglomérat des courants de l’opposition.
Sauf que, ni les uns ni les autres, ne sauraient réellement transposer et prendre à leur compte la conscience collective et, surtout, l’imaginaire collectif. La raison d’Etat ? Cela leur échappe !
Les « Oukazes » des laudateurs, tout autant que les louvoiements des islamistes au nom desquels parle Néjib Chebbi, sont dans une irrépressible hystérie. Entre formules faussement compassées et indignation des autres, on bascule fatalement dans la pire forme d’un populisme donnant à peu de frais le change aux déferlantes facebookiennes , par ce que la toile gère les pulsions de notre peuple.
Naturellement, l’élite bien pensante y va avec une sociologie politique opaque, tandis que l’on compulse les failles constitutionnelles.
Du coup, on parle de « vacance » au sommet de l’Etat. Logique. Et c’est comme si l’on redécouvrait la constitution de 2022 et dont Néjib Chebbi dit que son clan ne la reconnait pas comme telle. (Il voulait insinuer que c’est celle de 2014 qui est encore en vigueur). Voilà que Ghannouchi se met à rêver…
Car la constitution de 2022 dit qu’en cas de vacance provisoire du pouvoir présidentiel, c’est le (la) Chef du gouvernement qui assure l’intérim. En cas de vacance définitive, c’est le président de Cour constitutionnelle qui l’assume pour une certaine période. Sauf qu’il n’existe pas encore de Cour constitutionnelle.
C’est là, qu’une fois son rythme de travail recouvré, le président devrait parachever la formation des instances constitutionnelles…Quant à la communication, c’est un autre chapitre.