Trois civils ont été tués samedi au Soudan où la rivalité entre les deux généraux aux commandes depuis le putsch de 2021 a dégénéré en combats de rue, raids aériens et menaces par médias interposés. Les paramilitaires « ne s’arrêteront pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires », a menacé, parlant vite et fort au téléphone sur la chaîne al-Jazeera, leur commandant, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti ».

Déployées dans Khartoum depuis le matin, ses Forces de soutien rapide (FSR) ont dit avoir pris l’aéroport international et le palais présidentiel. Elles appellent désormais l’ensemble de la population, parmi laquelle les soldats, à se retourner contre l’armée. Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, lui, assure avoir été « surpris à neuf heures du matin » par une attaque sur son QG des FSR, son ancien meilleur allié que l’armée qualifie désormais de « milice soutenue par l’étranger » pour mener sa « trahison » et diffuser des « mensonges ».

Des deux côtés, finies les négociations feutrées sous l’égide de diplomates et autres discussions policées, l’armée a mobilisé ses avions pour frapper –et « détruire », dit-elle– des bases des FSR à Khartoum. Hemedti, lui, a agoni sur Al-Jazeera son rival d’insultes: c’est un « criminel » qui a « détruit le pays », a-t-il lancé.

Les 45 millions de Soudanais, eux, se sont brutalement réveillés en plein coeur du jeûne de ramadan et sous un soleil de plomb, au son des tirs à l’arme lourde et des explosions à Khartoum mais dans plusieurs autres villes également.

Selon un premier bilan du syndicat officiel des médecins, trois civils ont été tués, dont deux à Khartoum et un à El-Obeid, dans le sud du pays. Les deux camps s’affrontent désormais pour le contrôle du siège des médias d’Etat, selon des témoins, alors que le signal de la télévision, un temps faible, semble avoir cessé. L’ONU, l’Union africaine, la Ligue arabe et Washington ont réclamé une cessation « immédiate » des hostilités.

(avec agences et médias)