La Tunisie a participé aux réunions de printemps 2023 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington, du 10 au 16 avril 2023. La délégation tunisienne comprend le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, ainsi que le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Saied. Certains analystes considèrent que la participation de la Tunisie à ces réunions constitue une opportunité de relever les défis économiques, de nouer des partenariats avec les acteurs internationaux et de faire sortir le pays du bout du tunnel.
Le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied, a eu une série de rencontres avec des responsables d’institutions financières internationales et régionales et d’instances opérant dans les domaines de développement et de l’investissement, en marge de sa participation aux réunions de printemps 2023 du Groupe de la Banque mondiale (GBM) et du Fonds monétaire international (FMI).
Le vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Ricardo Mourinho, du directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, du Vice-président régional de la Société financière internationale (IFC) pour l’Afrique, Sérgio Pimenta, du vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Ferid Belhaj figurent parmi les responsables susmentionnés.
Ces rencontres ont porté, selon le département de l’économie, sur la coopération entre la Tunisie et ces institutions et les possibilités de la renforcer afin de soutenir le processus de réformes engagé par le gouvernement tunisien.
Stabilité et paix sociale
D’après la même source, ces rencontres ont permis à Saied d’exposer le programme national des réformes engagé dans l’objectif de rétablir le rythme de la croissance, de retrouver les équilibres économiques et d’améliorer les conditions sociales, les réformes relatives à l’amélioration du climat des affaires et à l’investissement et les grandes lignes de la vision stratégique Tunisie 2035 et du plan de développement 2023-2025.Le ministre a affirmé la détermination du gouvernement à implémenter progressivement ses programmes de réformes en veillant, à la fois, à réunir les conditions de relance économique et à préserver la stabilité et la paix sociales. Dans le même contexte, Saied a souligné l’importance de parvenir à un accord avec le FMI dans les meilleurs délais pour pouvoir engager les programmes de coopération prévus avec les différents partenaires.
De leur côté, les responsables des différentes institutions internationales ont exprimé la disposition de leurs organismes à poursuivre leur appui au programme des réformes tunisien, soulevant la nécessité de faire aboutir les négociations avec le FMI afin de débloquer les différents programmes de coopération.
Saied s’est également entretenu avec son homologue italien, Giancarlo Giorgetti, au sujet de la coopération bilatérale entre les deux pays et les moyens de la consolider.
Le ministre italien a, à cette occasion, « mis l’accent sur le rôle stratégique joué par la Tunisie à l’échelle méditerranéenne et régionale, évoquant l’importance de préserver sa stabilité économique et sociale ». Le ministre a, également, exprimé la volonté de consolider les relations économiques avec l’Italie et de renforcer les liens d’affaires notamment dans les secteurs à forte valeur ajoutée (énergies renouvelables, industries pharmaceutiques, composantes automobiles, aéronautique, agroalimentaire, textile, TIC…).
Le flou économique persiste!
Concernant la position du FMI, sa directrice générale Kristalina Georgieva, a exprimé, le 15 avril 2023, le souhait que les points de vue concernant le programme de réformes pour la Tunisie se rapprochent afin de parvenir à un accord qui permette de mettre en place un programme fiable. Elle s’est adressée aux autorités tunisiennes en déclarant : « Le FMI veut l’intérêt de la Tunisie et va apporter des garanties financières à ce programme. Ces réformes ne présentent aucun risque pour la stabilité de ce pays »
Georgieva a appelé les autorités tunisiennes à faire « le dernier pas » « Nous demandons à la Tunisie de prendre la seule mesure qui reste afin que nous puissions présenter le dossier au conseil d’administration »
Rappelons que le FMI a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la Tunisie à 1,3% pour l’année 2023, contre 2,5% en 2022 et table sur une hausse à 1,9% en 2024, selon la dernière édition des Perspectives de l’économie mondiale du Fonds.
Le FMI fixera une nouvelle date pour étudier le dossier de la Tunisie par son conseil d’administration et ce, en concertation avec les autorités tunisiennes, avait déclaré, le 10 avril, la porte-parole du FMI, Wafa Amr à l’Agence TAP.
Pour sa part, le président de la République Kais Saied avait indiqué, le 6 avril 2023, que les consignes provenant de l’étranger et qui ont pour objectif d’appauvrir davantage le peuple tunisien, sont systématiquement rejetées. « Le pays n’acceptera, en aucun cas, des diktats de l’étranger », a-t-il affirmé, appelant les Tunisiens à faire preuve de responsabilité et à préserver la paix sociale.
Et d’ajouter que l’alternative serait de compter sur nos propres ressources, selon le chef de l’Etat.
A noter que la Tunisie avait été obligée, durant les derniers mois, de remplir plusieurs conditions pour conclure un accord avec le FMI, notamment la mise en œuvre de réformes importantes telles que la révision du système de subventions et la privatisation.
Ghada DHAOUADI