En attendant sa réouverture prévue en 2026, dans une nouvelle étape dans la vie de l’ensemble du Site, pour redonner à l’acropole de Byrsa un statut de site majeur dans la ville de Carthage, le Musée national de Carthage a accueilli mercredi soir tous les protagonistes du projet futuriste de réhabilitation du musée et de la colline de Byrsa. Au cours d’une cérémonie de remise des prix aux groupements architecturaux lauréats du concours international d’architecture multidisciplinaire pour la requalification de l’Acropole de Byrsa et la réhabilitation du Musée national de Carthage, ont été présentés les cinq cabinets et consortiums qui ont eu l’aval final du jury pour entamer les études et conduire, avec les équipes techniques et scientifiques, à bon port ce vaste chantier frugal et contemporain, à la fois, qui en créant le lien entre les époques et les usages, contribuera à revitaliser ce grand site historique en le transformant en un grand lieu de vie et de culture.
En présence de Marcus Cornaro, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, un partenaire de taille dans ce projet (financement), et de Jérémie Pellet, directeur général d’Expertise France, (maitre d’ouvrage délégué), ainsi de représentants de l’Union internationale des architectes (UIA) et l’Ordre des architectes de Tunisie (OAT), et de personnalités des différents secteurs, Hayet Guettat Guermazi, ministre des affaires culturelles, (MAC, maitre d’ouvrage du projet), a tenu à souligner que ce concours lancé au mois de septembre 2022 dans l’objectif de magnifier le patrimoine de la Tunisie en général et de Carthage en particulier, s’est conformé à la réglementation UNESCO sur les concours internationaux d’architecture et d’urbanisme et a été approuvé par l’UIA et l’OAT.
Dans ce sens, les cinq lauréats, parmi 94 projets de 30 nationalités présentés au concours, ont été, selon le jury international présidé par l’Architecte espagnol Alberto Veiga, désigné par l’UIA , choisis en fonction de la pertinence des topographies présentées en terme d’architecture comme un acte de réparation.
Ainsi, la place de l’Unesco, le Musée, l’ancienne Cathédrale Saint Louis, les Ruines Romaines, et l’ancien jardin lapidaire retrouveront leur superbe en déployant de nouveaux usages et dialogueront de nouveau ensemble, dans une nouvelle cohérence architecturale, scénographique et paysagère.
Favorisant confort et compréhension de la visite, chacun des projets retenus, révèle et valorise ce patrimoine, riche de ses différentes couches historiques, par le contraste d’une intervention légère et contemporaine, en s’appuyant sur une culture de la construction traditionnelle locale, selon des approches et des concepts d’intégration urbaine et paysagère, scénographique, structurelle, d’organisation fonctionnelle, et de bon sens environnemental, pour faire d’un musée à l’aire libre, un site unifié et ouvert, un véritable espace public, autour de Byrsa, une colline d’une nouvelle syntaxe: un monument naturel public et paysage climatique.
Après cette première étape, et selon le calendrier prévisionnel, le démarrage des études est prévu pour 2023, alors que le démarrage des travaux est programmé pour 2024 avant l’inauguration estimée en 2026.
Initié dans le cadre du projet « Tounes Wijhetouna », et du programme » Patrimoine 3ooo » ayant pour objectif de contribuer à la valorisation du patrimoine culturel tunisien par la mise en place d’un dispositif de concessions culturelles ou touristiques de bâtiments à intérêt historique et par un appui au réaménagement et à la valorisation du musée de Carthage et de ses abords, cette composante a pour objectif de réaménager et de valoriser le musée de Carthage et ses abords en considérant les différents enjeux scientifiques et techniques de l’intervention sur un site archéologique au cœur du Grand Tunis.
Le musée de Carthage est l’un des principaux établissements culturels tunisiens. Il dépend de deux opérateurs du ministère des affaires culturelles : l’Institut national du patrimoine (INP) pour le volet scientifique et l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (AMVPPC) pour son exploitation. Il se situe dans l’ancien séminaire des Pères Blancs. L’ensemble est constitué de trois longues ailes autour d’une vaste cour carrée qui correspond à l’ancien cloître du séminaire.
Le bâtiment d’une superficie totale d’environ 4322 m2 est formé par des salles d’exposition, des réserves, des bureaux et une bibliothèque, une salle de projection.
Le musée assume une double fonction : conserver des objets provenant des fouilles archéologiques de Carthage, notamment des collections lapidaires, des monnaies (puniques, romaines, byzantines, islamiques), des céramiques et des luminaires ; offrir aux visiteurs les outils nécessaires à la compréhension de ce site classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.
A travers ce projet, le Musée national de Carthage fermé depuis 2018, ambitionne de devenir d’ici 2026, un nouvel espace culturel alliant ses missions traditionnelles de conservation, de valorisation du patrimoine carthaginois et des nouvelles fonctions de convivialité et de services, adaptés à des publics variés (individuels, groupes, scolaires) et aux conditions d’accessibilité universelle.
Un autre son de cloche
Toutefois, au nom du Bureau directeur de l’Association » Les Amis de Carthage « , Abdelmajid Ennabli, ancien Conservateur du Site et du Musée de Carthage (1972-2001), a publié une tribune au journal La Presse (6 avril 2023), dans laquelle il avertit que » l’exécution des travaux de ce projet de réaménagement du site, en l’état de la situation, ne pourra se faire car le décret 85-1246 du 7 octobre 1985 spécifie à l’article 3 que » sont interdits tous travaux, aménagements et constructions de nature à modifier l’état du site classé « . En effet, selon Nabli » Seul le plan de Protection et de Mise en Valeur permettant l’aménagement et la valorisation du Parc Archéologique, national de Carthage (PPMV) permet d’engager ces travaux « . Il rappelle à cet effet que » dès les premières années de l’Indépendance, la Tunisie a pris conscience de la valeur de son passé et déclaré le territoire de Carthage zone historique non adificandi, inscrit dans le Plan d’Aménagement Urbain (PAU), ceci confirmé par le décret de classement n° 85-1246 du 7 octobre 1985 qui déclare sa vocation à être le Parc Archéologique National de Carthage-Sidi-Bou Saïd « . Il ajoute que » dès le début des années 70, à la demande du gouvernement tunisien, l’UNESCO avait lancé une vaste campagne internationale de fouilles qui a démontré la richesse archéologique du site et renouvelé et approfondi la connaissance de son histoire.
D’autre part, il a avancé que le « Code de Protection du Patrimoine culturel promulgué en 1994 devait servir de cadre pour entériner le projet par un plan de protection et de mise en valeur (PPMV). L’arrêté de création et de délimitation du site culturel de Carthage paru le 4 septembre 1996 devait ouvrir la voie à l’approbation du PPMV « .
Dès lors, il est important, a-t-il mentionné, » qu’en application de la Loi de Protection du Patrimoine culturel, le plan de Protection et de Mise en Valeur permettant l’aménagement et la valorisation du Parc Archéologique, national de Carthage, déjà élaboré, soit promulgué « .
Il rappelle à ce propos que » dès leur nomination », les deux ministres, Hayet Guettat Guermazi, (Affaires Culturelles) et Sarra Zaafrani-Zenzeri, (Equipement et de l’Habitat), » ont eu la volonté et le mérite de publier un arrêté en date du 16 mai 2022, créant et délimitant le site culturel de Carthage , ouvrant la voie à la promulgation du PPMV, mais cette décision finale tarde à venir « .
(Avec TAP)