Après l’arrestation de Rached Ghannouchi le 17 avril 2023, plusieurs parties étrangères n’ont pas manqué de faire part de leurs positions. Néanmoins, le ministère des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger n’a pas tardé à rappeler son opposition à toute forme d’ingérence dans les affaires intérieures du pays.
Le ministère susmentionné a précisé, dans un communiqué rendu public le 19 avril 2023, que la Tunisie, qui respecte scrupuleusement le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays, rappelle à ceux qui ne se sont pas « inquiétés »de la gravité des risques encourus par des propos irresponsables et dangereux, que les lois de la République s’appliquent à tous les justiciables sans exception, avec toutes les garanties légales, et que la justice s’exerce sereinement, sans être influencée par la vague de commentaires inappropriés et inadmissibles qui ne peuvent qu’affecter les efforts intenses du pays pour redresser une situation économique et financière sous grande tension du fait, en grande partie, de la mauvaise gouvernance et de l’amateurisme ayant caractérisé la décennie écoulée, et dont les Tunisiens continuent de subir toutes les conséquences.
Selon la même source, les communications constituent une ingérence inacceptable dans les affaires internes de la Tunisie et qui plus est, elles émanent de parties pourtant informées sur les réalités du pays.
Le Ministère des Affaires étrangères souligne l’importance du redémarrage de l’économie tunisienne dans les meilleures conditions possibles, pour tirer tout le profit du grand potentiel économique de la Tunisie, lit-on encore dans le communiqué susmentionné.
Réactions multiples
Rappelons qu’en réponse à une question concernant l’arrestation de Rached Ghannouchi, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères français avait indiqué, le 18 avril 2023 sur son portail officiel « France diplomatie » que « cette nouvelle arrestation » s’inscrit dans une vague d’arrestations préoccupantes.
Selon la même source, La France rappelle son attachement à la liberté d’expression et au respect de l’État de droit. Et d’ajouter qu’elle appelle les autorités tunisiennes à veiller au respect de l’indépendance de la justice et des droits de la défense.
Rappelons que le président du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a été arrêté ce lundi 17 avril 2023 et que, par la suite, il a fait l’objet d’un mandat de dépôt et donc conduit à la prison d’El Mornaguia
De son côté, l’Union Européenne a pris position quant à l’arrestation de Ghannouchi.
« Nous suivons avec beaucoup d’inquiétude les derniers développements en Tunisie, notamment l’arrestation de Rached Ghannouchi ainsi que les informations concernant la fermeture du siège du parti Ennahdha à Tunis. Cette arrestation s’ajoute à la série de détentions en cours d’acteurs politiques provenant de différents groupes d’opposition », lit-on sur le site de l’Union européenne dans une déclaration publiée le 18 avril 2023.
Elle poursuit: « En attendant des informations officielles sur les raisons de cette arrestation, nous rappelons l’importance du respect des droits de la défense ainsi que du droit à un procès équitable. Nous soulignons aussi le principe fondamental du pluralisme politique. Ces éléments sont essentiels pour toute démocratie et constituent la base du partenariat de l’Union européenne avec la Tunisie », lit-on encore dans la déclaration susmentionnée.
Pour sa part, Erdogan a annoncé, dans une déclaration accordée à la chaine « TRT » le 20 avril 2023, ce qui suit « l’administration actuelle a arrêté mon frère Ghannouchi. Nous n’avons pas réussi à contacter les autorités à Tunis par téléphone mais nous allons continuer les tentatives pour les rejoindre. Si nous pouvons leur parler, nous allons leur dire que nous trouvons ceci( l’arrestation de Ghannouchi) inapproprié », a-t-il ajouté.
Ce qui est évident c’est toutes ces positions sont à mettre sur le compte d’ingérences devenues systématiques dans les affaires internes de la Tunisie. Et si l’UE ou la France reprennent les concepts « juteux » du respect du droit à la défense et de procès équitables, il y a quand même à se demander par quelle amnésie, nos amis européens ont-ils décidé de fermer les yeux sur une décennie ayant ébranlé la Tunisie. Quant au président Erdogan, en perte de vitesse chez lui et pris à contre-courant par le retour de la Syrie sur l’échiquier arabe, il y aurait lieu à l’interpeller sur les Djihadistes tunisiens partis chez Daech , mais qui transitaient par la Turquie pour leur périple vers l’enfer.
Ghada