Le Front pour l’Egalité et les Droits des Femmes (FEDF) a appelé, dans un communiqué publié à l’occasion de la fête du travail, la société civile à participer à une réflexion critique interactive et à un plaidoyer qui rassemble autour d’une approche féministe afin de combattre les inégalités et les enjeux de pouvoir et de domination et mieux défendre les droits des femmes.
Dans le même contexte, le Front a souligné l’importance d’engager des actions de plaidoyer pour intégrer une approche basée sur l’égalité de genre dans les politiques publiques afin de défendre le droit des femmes à un travail décent et lutter contre toutes les formes de discrimination, d’exclusion et d’inégalité, qui privent les femmes de leurs droits économiques et sociaux.
Selon la même source, le Front a insisté sur la nécessité d’adopter une égalité effective dans les pratiques et la culture organisationnelle au sein des associations, des espaces de travail y compris dans les institutions d’économie sociale et solidaire. Et d’ajouter que le Front a indiqué qu’il demande aux pouvoirs publics et aux institutions étatiques de mettre en conformité la législation nationale concernant les droits sociaux et économiques avec les conventions et instruments internationaux.
Dans le communiqué susmentionné, le Front appelle à la ratification de la convention n°190 (2019-BIT) relative à la lutte contre la violence et le harcèlement sur le lieu de travail, à appliquer la loi 58-2017 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et à adopter les textes d’application de la loi 30-2000 relative à l’économie sociale et solidaire et la loi 37-2021 relative à la réglementation du travail domestique.
Il convient également, selon le communiqué, d’appliquer le protocole d’accord pour le transport des ouvrières et ouvriers agricoles, d’intégrer le genre dans le budget des différentes institutions et structures de l’Etat, d’adopter des politiques publiques fortes qui transforment de manière effective la réalité sociale et économique des femmes et de revoir le système de protection sociale pour assurer une égalité des chances entre les femmes et les hommes.
Le communiqué rappelle qu’en 1983 les femmes tunisiennes représentaient 21.2% de l’ensemble des travailleurs, alors qu’aujourd’hui elles représentent 28,9% (INS 2021). Leur taux de chômage a doublé passant de 11,5 à 23.8% (25% pendant le confinement. INS 2021). Parmi les diplômées d’université la situation est encore plus dramatique, puisque plus de 4 sur 10 (40,7%) sont au chômage (contre 17,6% des hommes. INS 2020). Le manque de travail exclut particulièrement les femmes de la vie active, les décourage et les oblige à se rabattre sur les emplois précaires et non protégés, ceux du secteur informel où le salaire féminin ne dépasse pas les ¾ du salaire masculin, lit-on de même source.
Dans le milieu rural les femmes sont les principales actrices du développement rural, elles constituent 76% de la main d’œuvre agricole (50% moyenne mondiale) mais gagnent souvent la moitié du salaire d’un homme. De plus, elles ont une charge globale de travail quotidienne dépassant de 40% celle des hommes et pouvant aller jusqu’à 16 heures par jour. Les inégalités se creusent entre les sexes et la pauvreté se féminise, indique le Front pour l’Égalité et les Droits des Femmes.
Malgré l’engagement de la Tunisie à établir l’égalité entre les deux sexes dans tous les domaines, conformément à la Constitution et aux conventions et traités internationaux approuvés et ratifiés, ainsi que les programmes et réformes adoptés, la réalité est toujours en deçà des objectifs fixés, dénonce le communiqué.
Ainsi, le dernier Rapport Mondial sur l’Égalité entre les Sexes classe la Tunisie parmi les derniers pays, selon la même source. Ce rapport évalue 156 pays selon la façon dont les ressources et les opportunités sont réparties entre les femmes et les hommes. Dans le classement global la Tunisie est au 126ème rang mais pour ce qui est de la participation et des opportunités économiques, elle est au 144ème rang, signale le communiqué.