Le club culturel Taher Haddad de Tunis abrite actuellement l’exposition de l’artiste plasticienne Amel Ben Salah Zaiem intitulé « Résistance » qui se poursuit jusqu’au 20 mai courant.

L’artiste a utilisé pour cette exposition une palette chromatique composée essentiellement de trois couleurs, à savoir le blanc, le rouge et le noir. Le noir constitue certainement l’actualité morose et lugubre qui marque notre présent ; le rouge évoque cette résistance et cette révolte contre le statu quo et le blanc exprime le côté optimiste de l’artiste qui croit, malgré tout, à des jours meilleurs. Par ces couleurs, l’artiste exprime sa volonté de sortir des sentiers battus dans sa quête d’une démarche artistique tout à fait personnelle et cela, depuis quelques années quand elle a exposé une suite d’expositions intitulées respectivement « Passion bleue », « Malédiction de la chaise », « Cercles et couleurs », « Mouvement et inertie », « Pseudo-liberté ». La voilà aujourd’hui qui expose encore une fois des travaux qui marquent une certaine continuité dans son œuvre, faisant d’elle une artiste engagée très sensible à ce qui l’entoure, à l’actualité morose du pays et surtout à son désir de voir un jour ses rêves se transformer en réalité.

Toutes les œuvres exposées sont frappantes, parfois énigmatiques et prêtent à maintes interprétations. « J’aurais aimé ne pas donner des titres à mes œuvres pour laisser libre cours à l’interprétation du visiteur qui devrait en tirer le message », nous a confié l’artiste. Cependant, dans toutes les œuvres de l’artiste émane ce désir de liberté, cet amour de la justice et ce grand intérêt porté aux problèmes socio-politico-économiques du pays, mais aussi cette préoccupation majeure ressentie par l’artiste quant aux fléaux survenus dans le monde et qui sont en grande partie causés par l’homme. Contre ces différentes crises qui s’abattent sur le pays en particulier et le monde en général, la révolte de notre artiste n’a pas changé d’un iota depuis la Révolution : ses œuvres constituent un cri de détresse certes, mais font toujours naitre un certain espoir envers l’avenir. En effet, « Résistance », le titre donné à cette exposition, est un appel pressant à l’homme de résister sans jamais lâcher prise à tous les obstacles qui puissent entraver notre bonheur sur cette terre pour que règnent enfin paix et solidarité.

Nul doute, l’artiste s’est fortement inspirée de la conjoncture actuelle, où règne un certain désordre sur tous les plans (social, économique, politique…), ce qui interpelle cette artiste engagée, qui ne reste jamais indifférente à ce qui se passe autour d’elle, à utiliser son art comme un moyen d’exprimer son point de vue, son mécontentement, sa révolte et ses convictions à l’égard de l’actualité. C’est elle qui s’est un jour déclarée en ces termes : « Je suis une artiste plasticienne engagée traitant des questions humanitaires pour sensibiliser et attirer l’attention sur les maux de notre société. Etant profondément déçue par la situation générale, dans mon pays en particulier et dans le monde en général, je n’ai eu d’autre choix que de traduire cette douleur et cette anxiété dans ma peinture afin de me soulager d’un lourd fardeau… »

Bref, tous ceux qui l’ont suivie dans tout son parcours artistique remarqueront sans doute qu’il y a dans les œuvres d’Amel Ben Salah Zaiem tout un mouvement d’émancipation et de délivrance et un goût pour l’évasion et l’élévation avec son art vers de nouveaux horizons libres et paisibles.

Hechmi KHALLADI