En Tunisie, la croissance devrait ralentir encore et atteindre 2% en 2023, avant de reprendre légèrement à 2,3% en 2024, selon le dernier rapport sur les perspectives économiques régionales pour la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen, publié mardi, par la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement).
L’instabilité politique, le ralentissement économique en Europe, les ressources budgétaires limitées, le manque d’accès à des financements extérieurs, l’environnement économique contraignant et les retards dans la mise en œuvre des réformes vont probablement continuer à peser sur l’économie, estime la même source.
L’économie tunisienne reste aussi exposée aux chocs extérieurs en raison de sa dépendance relativement élevée au tourisme, aux importations de denrées alimentaires et d’énergie et à l’Europe en tant que marché d’exportation. En parallèle, si un accord définitif portant sur un programme financé par le FMI était atteint, il pourrait débloquer les financements extérieurs nécessaires et accélérer les réformes, notamment l’arrêt des subventions au carburant, une réduction de la masse salariale du secteur public, la diminution du déficit budgétaire et des améliorations du climat des affaires.
//Région SEMED : Une légère reprise de la croissance du PIB à 3,6% en 2023
La BERD prévoit une croissance économique timide en 2023 dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (région SEMED). La Banque s’attend à une légère reprise de la croissance du PIB à 3,6% en 2023, contre 3,1% en 2022, alors que les économies de la région SEMED s’adaptent aux conséquences de la guerre contre l’Ukraine, que le secteur agricole reprend de la vigueur et que les réformes avancent.
Cependant, les perspectives d’évolution de l’inflation à l’échelle mondiale et l’incertitude politique rendent la situation difficile et restent des risques de détérioration.
La reprise devrait accélérer en 2024 avec une croissance moyenne du PIB supérieure à 4%, en même temps que les réformes progressent dans tous les pays de la région.
La croissance en Egypte a ralenti pour s’établir à 4,2 % entre juillet et décembre 2022 (d’une année à l’autre), c’est-à-dire au premier semestre de l’exercice 2022-23, contre 9% à la même période l’année précédente(juillet-décembre 2021).
Ce ralentissement découle d’une contraction dans les secteurs des industries manufacturières et de la construction, qui ont été touchés par le manque de devises étrangères, ainsi que des incidences de la guerre contre l’Ukraine sur le canal de Suez et sur les recettes du secteur du tourisme.
La livre égyptienne a perdu plus de 50% de sa valeur face au dollar américain entre mars 2022 et avril 2023, dans un contexte de vulnérabilités extérieures exacerbées et en raison de la décision par la Banque centrale égyptienne de passer à un régime de taux de change flexible.
Cette dépréciation, associée à des prix des matières premières élevés à l’échelle mondiale, l’Egypte étant importatrice nette de denrées alimentaires et d’hydrocarbures, a fait bondir l’inflation à près de 33%, malgré des hausses cumulées des taux directeurs de 1?000 points de base au total sur l’année écoulée.
Cette diminution de la croissance devrait se poursuivre et le PIB devrait augmenter de 4% sur l’exercice 2022-23. D’après les estimations, la croissance devrait atteindre 4,8% pour l’exercice 2023-24.
En Jordanie, la croissance devrait rester stable à 2,5% en 2023 alors que les vents contraires persistent au niveau mondial et que les conditions monétaires restrictives pèsent sur l’investissement privé.
A moyen terme, la croissance dépendra de l’efficacité de la mise en œuvre du » plan de modernisation de l’économie » du gouvernement visant à attirer les investissements directs étrangers.
En 2024, la mise en œuvre de davantage de réformes structurelles, une politique monétaire plus accommodante et la reprise des flux commerciaux devraient soutenir une croissance stable à 2,5%. Les principaux risques pour l’avenir comprennent la baisse de compétitivité découlant d’un taux de change surévalué, les éventuelles perturbations des échanges mondiaux, l’instabilité régionale et les retards dans la mise en œuvre des réformes structurelles.
L’économie libanaise devrait retrouver une croissance à 1% en 2023, après une baisse de 4% en 2022, à condition que le pays parvienne à surmonter ses difficultés politiques et à faire avancer un programme financé par le FMI (Fonds monétaire international), ce qui permettrait également, de reprendre les négociations avec les partenaires internationaux.
Les difficultés que connaît le Liban depuis 2019 ont été exacerbées par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires ainsi que par les perturbations des chaînes d’approvisionnement, alors que l’inflation s’est maintenue à trois chiffres avec une moyenne de 183,8% en 2022.
Le taux de change officiel a chuté de 90% et atteint 15?000 livres libanaises pour un dollar américain le 1er février 2023, mais de nombreux taux de change parallèles existent toujours et la monnaie locale a plongé pour s’établir à 131?500 livres libanaises pour un dollar américain sur le marché parallèle en mars 2023.
En 2024, le PIB devrait croître de 3%, sous réserve que le rythme des réformes progresse.
La croissance du PIB marocain devrait atteindre 3,1% en 2023 grâce à la reprise du secteur agricole et au ralentissement de l’inflation, ainsi qu’au retrait du pays de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), qui redonne confiance aux investisseurs.
En 2024, les estimations prévoient que la croissance retrouve ses niveaux d’avant la pandémie, soit 3,2%, et les avancées en matière de réforme pourraient lui donner un élan supplémentaire. Le pays reste toutefois exposé à la hausse des prix des hydrocarbures car il importe la majorité de son énergie. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale pourraient aussi contrarier la croissance, tandis qu’une détérioration du contexte mondial pourrait avoir un impact sur le Maroc en raison d’une baisse de la demande européenne et du resserrement des conditions financières.