Le secteur pharmaceutique tunisien connaît de graves aléas mettant en péril la santé publique. Parmi ces obstacles, la rareté des médicaments occupe une place préoccupante, privant de nombreux patients des traitements dont ils ont désespérément besoin. Cette pénurie s’étend également aux médicaments essentiels, laissant les Tunisiens désemparés face à l’impossibilité de trouver des solutions thérapeutiques adéquates.
Outre cette situation alarmante, le marché pharmaceutique est infiltré par des médicaments anarchiques, dont la provenance et la qualité sont incertaines. Face à cette crise, la population tunisienne est contrainte de recourir à des moyens alternatifs pour se procurer les traitements nécessaires. Des dons s’organisent via des groupes Facebook, des associations s’efforcent de combler les lacunes en fournissant des médicaments, et certains pharmaciens tentent de substituer des médicaments par des alternatives proches.
Le conseil national de l’ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOPT) a mis en garde contre les risques pour la santé pouvant résulter de l’approvisionnement en médicaments provenant d’entrepôts anarchiques opérant en dehors des circuits de distribution légaux et qui ne sont pas soumis à des autorisations préalables du ministère de la Santé.
Les dons de médicaments soumis à des procédures légales
Dans un communiqué publié, mercredi, le Conseil a appelé les autorités officielles à lutter contre ce phénomène, rappelant que l’acceptation des dons de médicaments est soumise à des procédures légales prévues par la loi 73-55 du 3 août 1973, portant organisation des professions pharmaceutiques.
Dans le même contexte, le Conseil a mis en garde contre le phénomène croissant de la commercialisation des médicaments sur les réseaux sociaux et Internet, soulignant que l’article 31 de la loi réglementant la profession pharmaceutique stipule que les associations légalement constituées peuvent recevoir des dons de médicaments provenant d’associations, organisations caritatives et établissements locaux ou étrangers, et ce, sous la responsabilité d’un pharmacien.
Selon la même source, les médicaments collectés dans ce cadre sont distribués à titre gratuit et sous la responsabilité d’un pharmacien, aux indigents, aux personnes à revenu limité et aux catégories à besoins spécifiques, par l’intermédiaire des structures sanitaires publiques ou par les associations disposant d’une autorisation. Et d’ajouter que les associations chargées à ce titre de la collecte et de la distribution des médicaments doivent être autorisées à cet effet par le ministre de la santé publique, et ce, après avis du conseil national de l’ordre des pharmaciens. Elles sont soumises, concernant leur activité dans ce domaine, au contrôle des services compétents du ministère de la santé publique.
A noter que le Conseil a affirmé que ces mesures visent à protéger les citoyens du danger que représentent les médicaments d’origine inconnue et les médicaments périmés provenant de circuits parallèles.
Nécessité d’améliorer le stockage des médicaments
Le ministre de la santé, Ali Mrabet a souligné la nécessité d’améliorer le stockage des médicaments et de parfaire leur distribution.
Le ministre qui s’est rendu, le 22 mai 2023, au comptoir de distribution à la cité nationale du médicament à Ben Arous relevant de la pharmacie centrale de Tunisie, a mis l’accent sur l’importance de bien sauvegarder et sécuriser le stock national de médicaments et de fournitures médicales afin de répondre aux besoins des citoyens, lit-on dans un communiqué du ministère de la Santé.
A cette occasion, le ministre de la santé a pris connaissance des conditions de conservation et de stockage des médicaments ainsi que des processus de leur distribution aux différents établissements hospitaliers et centres régionaux relevant de la pharmacie centrale, ainsi que du stock disponible de produits pharmaceutiques.
Ghada DHAOUADI