La Syrie a qualifié « d’hystérie » l’attitude de la France après des déclarations de sa cheffe de la diplomatie se disant favorable à un procès du président Bachar al-Assad. Interrogée mardi sur la chaîne de télévision France 2 par un journaliste qui lui demandait : « Souhaitez-vous qu’il soit jugé ? », la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a déclaré : « La réponse est oui. La lutte contre les crimes, contre l’impunité fait partie des valeurs de la diplomatie française. »
« Nous avons récemment suivi l’hystérie et les positions isolées de la diplomatie française, qui ont perdu leur sens après les décisions historiques du sommet arabe en Arabie saoudite à propos de la Syrie », a déclaré mercredi le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. « La diplomatie française à contre-courant doit revoir ses positions », a ajouté le ministère, en accusant aussi la France de chercher « à rétablir l’héritage de l’ère coloniale ».
Alors que la Syrie a fait son retour à la Ligue arabe, la ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères s’est prononcée en faveur d’un procès de Bachar al-Assad. Pour sa part, Damas accuse Paris de chercher « à rétablir l’héritage de l’ère coloniale ». La ministre française a souligné que la levée des sanctions européennes imposées depuis 2011 à Damas n’étaient « certainement pas » à l’ordre du jour, de même qu’un changement de position de la France vis-à-vis du président syrien.
« Tant qu’il ne change pas, tant qu’il ne prend pas des engagements de réconciliation, de lutte contre le terrorisme, de lutte contre la drogue, […] qu’il ne respecte pas ses engagements, il n’y a pas de raison de changer d’attitude à son endroit », a-t-elle également estimé. « Nous avons récemment suivi l’hystérie et les positions isolées de la diplomatie française, qui ont perdu leur sens après les décisions historiques du sommet arabe en Arabie saoudite à propos de la Syrie », a déclaré mercredi le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Pendant la campagne présidentielle de 2022, la candidate présidentielle d’extrême droite Marine Le Pen avait appelé à la reprise des relations diplomatiques de la France avec la Syrie, critiquant la décision de Macron de rompre les liens avec Damas. « C’est dans les moments critiques et complexes de crise, en particulier lorsque [la Syrie] était confrontée au terrorisme islamique, que les canaux de dialogue et de communication sont nécessaires », avait-elle déclaré.
Bachar al-Assad a fait son retour sur la scène régionale en participant la semaine dernière en Arabie saoudite au sommet de la Ligue arabe, après en avoir été exclu pendant plus d’une décennie. La Ligue arabe avait exclu le régime syrien fin 2011 pour sa répression d’un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre dévastatrice, avant de le réintégrer le 7 mai. Après le séisme dévastateur du 6 février en Syrie, l’Union européenne et les États-Unis avaient allégé leurs sanctions imposées au gouvernement syrien depuis 2011. La guerre en Syrie, où les combats se sont quasiment tus, a fait environ 500 000 morts, ainsi que des millions de réfugiés et déplacés.
(avec agences et médias)