Plus de 3 millions de Tunisiens sont menacés d’insécurité alimentaire, dont 1 million et demi auront à affronter sérieusement ce spectre, a déclaré, ce samedi 27 mai 2023, le président du Centre tunisien des études de la sécurité globale, Ezzeddine Zayani, en se référant à un rapport sur l’état de la sécurité alimentaire en 2022, publié par l’Organisation des Nations Unis pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
Zayani, qui intervenait à une conférence organisée à Tunis, sur « La sécurité et la souveraineté alimentaires et le droit à l’alimentation en Tunisie », a mis en garde contre la gravité de la situation alimentaire actuelle dans le monde et surtout en Tunisie « qui est devenue sérieusement menacée ». Il a appelé à prendre les mesures et précautions nécessaires pour faire face à cette menace réelle, relevant que « les plats les plus simples coûtent très chers aujourd’hui, en raison de l’inflation et de la dégradation du pouvoir d’achat du citoyen ».
Le conférencier a aussi appelé les parties concernées à penser, d’une manière urgente, à de nouvelles solutions et à « revenir aux fondements de la politique agricole de la Tunisie instaurés depuis les premières années d’indépendance ». Le président du CTESG a rappelé, dans ce cadre, le changement de la situation agricole en raison du changement climatique qui a généré une grande pénurie d’eau, préconisant le recours au dessalement de l’eau de mer et le soutien des agriculteurs responsables de la sécurité alimentaire en les encourageant à maintenir leurs activités pour éviter ce qu’il a qualifié de « pauvreté alimentaire ».
Suite à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, a-t-il dit, nous assistons aujourd’hui à l’émergence d’un nouveau monde dans lequel les pays souffrant d’insécurité alimentaire, se trouvent contraints d’aligner leurs politiques sur celles des grandes puissances productrices de blé. Pour éviter ces pressions, Zayani a recommandé d’accorder l’attention nécessaire au secteur agricole en Tunisie dont la croissance a connu, en 2022, une baisse de 3%, ce qui est « alarmant ».
De son côté, l’expert en ressources naturelles, Omar Mtimet a appelé les agriculteurs à adopter de bonnes pratiques afin de prévenir la dégradation du sol, la surexploitation des ressources hydriques et la baisse de productivité agricole. Il a souligné l’impératif de s’adapter aux changements climatiques et au stress hydrique auxquels fait face le pays.