Arrêté depuis le 16 mai 2023 puis placé dans un centre de rééducation des enfants délinquants et accusé de « violence grave exercée contre un fonctionnaire public pendant l’accomplissement de son travail résultant une blessure, outrage à un fonctionnaire public dans le cadre de son emploi en paroles et en menaces, jet de solides sur les biens d’autrui, création d’agitation et de perturbation sur la voie publique et d’atteinte aux bonnes mœurs et à la moralité publique », d’après la LTDH, l’élève Makrem Zramdini fait l’objet d’une vague de solidarité exprimée par un nombre important d’activistes et d’internautes. En fait, ce qui est choquant dans cette affaire, est la propagation de certains propos indiquant que Makrem risque de perdre à vie la vision de son œil droit !
Le sujet est devenu, depuis quelques jours, le centre d’intérêt de plusieurs personnes qui ont considéré qu’il s’agit de toute une culture d’impunité et ont également rappelé de ce qui s’est passé avec Omar Laabidi, Ayoub Ben Fraj, Abdessalam Zayan ( qui a été privé d’avoir une dose d’insuline pendant l’arrestation jusqu’à ce qu’il a quitté la vie ), l’enfant Fedi d’El Sijoumi ( qui a été déshabillé et battu en pleine rue ) et d’autres victimes … En réponse à ceux qui ont laissé entendre que Markem est impliqué dans certains problèmes et qu’il a des comportements violents, plusieurs sources et parties prenantes ont insisté à noter qu’il s’agit un élève discipliné qui a un bon niveau d’études ( avec un 15 de moyenne ).
Pour sa part, le jeune activiste et membre de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, Seif Ayadi, a indiqué, lors d’une déclaration accordée au Temps News, que la Ligue a pris en charge le dossier et a pris connaissance des faits, détails et témoignages relatifs à cette affaire.
« L’élève Makrem a été agressé devant tout le monde aux alentours du lycée, puis à l’intérieur d’un endroit affilié à une mosquée et ensuite pendant l’arrestation. Il a été opéré 11 fois au niveau de son œil droit où une prothèse a été finalement implantée ( implant rétinien ) pour essayer de fixer la rétine de l’oeil. Mais suite à cette agression policière, et comme la maman de Makrem l’a affirmé aux médias, la vision de son œil droit est devenue impossible actuellement… Makrem était présent, comme beaucoup d’autres élèves, lors de l’arrivée de la sécurité devant le collège. Un agent de sécurité s’est dirigé envers lui, l’a accusé de l’avoir filmé et l’a frappé malgré qu’il lui a demandé d’accéder à la galerie du téléphone portable pour voir qu’il n’a rien filmé… Tous ça a été filmé dans des séquences vidéos prises et publiées sur les réseaux sociaux par quelques élèves et témoins qui étaient présents sur places.. D’ailleurs, il y a 5 témoins qui ont présenté leurs témoignages à la police… », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Notre principale revendication est que l’élève Makrem soit libéré immédiatement. Entre temps, on va contacter les autorités concernées et faire le nécessaire pour qu’il puisse passer ses examens et récupérer ce qu’il a raté au niveau des ses études suite à tout ce qui s’est passé. On va, toutefois, poursuivre l’agent agresseur devant la justice administrative et judiciaire et au niveau de l’inspection générale ». Notre interlocuteur nous a informé, entre-autres, qu’un équipe de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme a récemment visité l’élève Makrem tout en soulignant que les détails de cette visite ne peuvent pas être dévoilée d’ici 15 jours, et ce, conformément à un nombre de dispositions incluses dans une convention entre le ministère de la justice et la LTDH.
L’activiste, défenseuse des droits humains et membre du comité de soutien à Makrem Zramdini, Nawress Douzi, a souligné que, contrairement à certaines versions racontées dans l’une des radios privées, la fiche de renseignements livrée par l’institution éducative de l’élève concerné prouve qu’il a de bonnes réputation, conduite et attitude. Elle a noté, en outre, que même au niveau familial et social, Makrem est réputé de bonne moralité. Nawress a mentionné aussi qu’une plainte sera déposée contre l’agresseur et que les procédures sont en cours d’achèvement.
Dans le même contexte, le jeune avocat Rahal Jallali ( connu par la prise en charge de plusieurs procès et affaires relatifs aux droits humains ) a appelé le ministre de l’intérieur, lors d’un passage médiatique, à intervenir.
« Monsieur le ministre Kamel El Feki, nous savons que vous n’acceptez pas de telles choses et c’est pour cette raison que je vous appelle à intervenir », a-t-il précisé.
Rym CHAABANI