Alors que les nouveaux concepts et les nouvelles orientations en matière de tourisme ne cessent d’émerger et de se développer, le tourisme gastronomique est devenu d’une importance majeure. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des principaux moteurs de la croissance et de développement de l’économie partout dans le monde. En raison de la richesse de sa cuisine typiquement méditerranéenne, la diversité de son héritage culinaire inspiré de nombreuses cultures et la particularité de ses plats classiques et traditionnels, la Tunisie pourrait occuper une place importante dans ce domaine à l’échelle internationale, en bénéficiant des avantages de ce phénomène pour générer des profits et réaliser des accomplissements substantiels sur plus d’un plan, notamment au niveau du tourisme alternatif, la promotion de la culture et la valorisation du patrimoine.
D’après le comité du tourisme et de la compétitivité de l’OMT (Organisation mondiale du tourisme), le tourisme gastronomique est « un type d’activité touristique caractérisé par le fait que l’expérience du visiteur, au cours de son voyage, est en rapport avec la cuisine et des produits et activités connexes ».
Dans ce sens, faire connaître le patrimoine culinaire tunisien d’une manière efficace et marquante devrait passer, en effet, par la création d’un cadre de gouvernance officiel où les différentes parties prenantes et les diverses autorités concernées et compétences peuvent collaborer, unir les efforts et échanger les points de vue et perceptions. Ce cadre devrait permettre de construire un espace d’intégration des artisans et des petits cuisiners.ères, agriculteurs, épiciers et artisans dans les différentes régions, et d’assurer des démarches et plans d’appui destinés aux porteurs d’idées et initiatives collectives ou individuelles et les associations actives ou impliquées dans ce domaine d’activités.
L’existence d’une véritable volonté politique et gouvernementale y jouerait aussi un rôle important et décisif. Il s’agirait, dans ce contexte, d’une mise en œuvre de tout un mécanisme de marketing, de communication et de commercialisation qui doit être étroitement lié à la construction d’un réseau intelligent et moderne de services permettant de faciliter la mobilisation des visiteurs et touristes, et d’offrir des aperçus précis et bien déterminés des différents circuits gastronomiques nationaux.
D’autre part, il serait important d’être en mesure de jouer sur le symbolisme et les détails. À titre d’exemple, des dates comme le 18 avril (Journée mondiale du tourisme gastronomique, lancée par l’association « World Food Travel Association ») et le 18 juin (Journée de la gastronomie durable, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies) ne devraient plus passer inaperçues et devraient se transformer en événements nationaux d’ampleur mondiale. Autrement dit, des dates pareilles seraient l’occasion idéale pour transmettre au monde des messages indiquant que la Tunisie représente une destination intéressante et unique en ce qui concerne le tourisme de gastronomie, et qu’elle est en progrès continu en ce qui concerne l’engagement envers les normes respectueuses de l’environnement et les codes de la gastronomie durable.
Selon le rapport présenté lors du troisième forum mondial de l’OMT sur le tourisme de gastronomie, tenu à Saint-Sébastien (Espagne), « l’attachement du tourisme de gastronomie aux principes de la durabilité recouvre la réduction de la pauvreté, l’utilisation rationnelle des ressources, la protection de l’environnement et les changements climatiques, ainsi que la protection des valeurs culturelles, du patrimoine et de la diversité ».
Ces messages pourraient être concrétisés, à titre d’exemple, par des politiques d’accompagnement dédiées essentiellement à soutenir les micro-entrepreneurs et porteurs de projets de gastronomie durable et visant à promouvoir la cuisine tunisienne d’une manière favorable à l’environnement.
Interviewée par le Temps News, la nutritionniste Mariem Jendoubi a estimé qu’il ne faut pas se limiter à la promotion historique et identitaire et qu’il est utile de présenter les avantages et les bienfaits nutritionnels de certains plats et recettes comme le Couscous tunisien, le Lablabi et la Harissa, en expliquant notamment comment ces spécialités comprennent des composantes alimentaires saines et représentent des repas très équilibrés.
Nutritionniste diplômée de L’École supérieure des sciences et techniques de la santé de Tunis, Mariem Jendoubi a passé plus d’un stage dans les hôpitaux publics, notamment la Rabta, l’hôpital militaire et Charles Nicolle. Elle a également suivi des formations de l’UNICEF autour de « la prévention du surpoids et de l’obésité chez les enfants » et « la programmation de la nutrition maternelle dans les situations d’urgence ».
D’après elle, des aliments comme la harissa, qui présente des ingrédients riches en capsaïcine, composés anti-inflammatoires et Vitamine C, et ses multiples bienfaits (comme la réduction du taux de cholestérol sanguin, la stimulation de la production de sucs gastriques dans l’estomac et la facilitation de la digestion, et le renforcement du système immunitaire) devraient être valorisés davantage, et ce, dans le but de motiver toutes les personnes intéressées et curieuses à venir et découvrir cette recette qui représente l’ingrédient clé de la majorité de nos plats.
Notre interlocutrice, qui a participé à divers ateliers et sessions de formation notamment en Afrique où elle a pu enrichir son parcours et développer ses connaissances, considère que les moments appropriés pour valoriser le patrimoine gastronomique devraient coïncider avec les dates de la tenue d’évènements et festivals spécialisés, à l’instar du Festival de l’harissa et des piments de Nabeul.
À la suite de la réunion du Comité du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco à Rabat, la fameuse harissa tunisienne, a été inscrite le 1er décembre 2022, par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité sous le titre : « La harissa, savoirs, savoir-faire et pratiques culinaires et sociales ».
D’après la nutritionniste, l’un des points forts de notre pays réside, entre-autres, dans la disponibilité des aliments et habitudes alimentaires des pays du bassin méditerranéen et la présence d’un certain climat de convivialité. Alors, toute personne souhaitant suivre ou adopter le régime méditerranéen, qui est bénéfique pour la santé humaine d’après toutes les études et est d’une grande importance écologique, peut venir en Tunisie parce qu’il va trouver tout ce qu’il demande et tout ce que ce régime nécessite.
« Je tiens toujours à mettre l’accent sur la question de la convivialité. En effet, les touristes, qui vivent généralement dans un rythme accéléré ou ordinaire, vont découvrir que notre cuisine et nos plats sont étroitement liés aux fêtes, mariages, cérémonies de réussite, etc. Ils vont trouver aussi des conditions chaleureuses et chargées d’émotions, et là, ils vont réaliser qu’il ne s’agit pas seulement de l’acte de manger et de déguster mais plutôt d’un ensemble de rituels de préparation et de consommation. »
« Même les végétariens peuvent trouver facilement des menus tunisiens qui conviennent à leur régime alimentaire », a-t-elle notamment relevé. Et d’ajouter : « Une fois arrivés en Tunisie, les touristes de différentes nationalités seront capables de se familiariser rapidement avec une grande partie de notre gastronomie qui porte dans ses détails l’empreinte de toutes les civilisations qui s’y sont succédées. Et comme les spécialités diffèrent d’une région à une autre, les visiteurs de notre pays vont aussi vivre un voyage d’exploration rénové et diversifié ».
Rym CHAABANI