Par Raouf KHALSI
Un concours de circonstances, parfois du pur hasard, assez souvent un insignifiant accident de l’histoire, et les voilà trôner à l’avant-scène du pouvoir. Ils et elles : des hommes, des femmes pour lesquels on forge un destin, sans vraiment qu’ils y prétendent. Or, l’appétit vient en mangeant. Henry Kissinger a raison de dire que le pouvoir est « l’aphrodisiaque suprême ».
On se rappelle l’influence qu’avait Wassila Bourguiba à Carthage. Manœuvres florentines dans le dos d’un combattant un peu trop « suprême » et, justement, inconscient du naufrage de la vieillesse. Du moins, juste pour lui rendre justice, Wassila savait tempérer les excès de son mari, jusqu’à ce que Saïda Sassi (nièce du président) ne la déboutonne de son piédestal. Elle s’est retrouvée répudiée par cet homme-même qui avait aboli la répudiation. Le tout enrobé de cette fameuse réflexion de Bourguiba : « On m’a dit que l’opposition était dans mon lit ; et alors, j’ai chassé l’opposition de mon lit ».
Puis, ce fut aussi la logique vorace du clan, celui des Trabelsi ; toute une trame peaufinée et consolidée au fil des années par la seconde épouse de Ben Ali (Leila Trabelsi). En fait, Ben Ali était pris en otage. Incapable de regarder vers le haut, vers ce plafond de verre qui a fini par voler en éclats.
Il ne serait pas indifférent, non plus, d’évoquer l’influence qu’exerçait Madame Caïb Essebsi sur son mari, ne serait-ce qu’au regard de la manière dont l’enfant prodige (Hafedh) foulait du pied tous les paramètres conventionnels, commençant déjà par déstructurer Nida Tounès, il est vrai, parti cocotte-minute.
Avec Nadia Akacha, nous ne sommes pas dans le même cas de figures. Son existence à Carthage ne se justifiait que par un rapport de confiance conçu et délimité par Kaïs Saïed.
Cursus académiques qui se croisent, valeurs éthiques dont le président pensait qu’elle en était imbue et, quoi que l’on en dise, une espèce de boîte noire, du fait même de sa fonction de Directeur du cabinet présidentiel. Elle était (du moins c’est ce qu’on croyait) l’extension du bras de Saïed. Or, le jour où Saïed se rendit compte que cette bonne dame, surgie du néant, prenait trop d’épaisseur, il n’hésita pas à la limoger.
Maintenant, vaut-elle toute cette confusion médiatique, pour ces tweets mis en ligne, puis supprimés, mais dont le teneur est quand-même d’une extrême gravité ? Parce qu’il s’agit (au cas où ces tweets se révélaient être réels) d’affaires d’Etat, d’une image immaculée d’un Etat dont Saïed cherche à redorer le blason. La justice dira son mot.
Mais, au fait, il est vrai que le pouvoir corrompt. Voltaire disait vrai : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge »