Dans un contexte où les taux des maladies nutritionnelles et des maladies chroniques à implications nutritionnelles augmentent et ne cessent de s’accroître, il est désormais nécessaire d’adopter des approches admettant que l’alimentation préventive est susceptible de jouer un rôle majeur et efficace au niveau de la lutte contre divers troubles, pathologies et carences avant leur manifestation. En revanche, il est important de mettre l’accent sur la pertinence de l’acquisition des habitudes et pratiques alimentaires saines et correctes dans le cadre familial étant donné que la famille est la première école des enfants, la référence incontournable des jeunes et la plus importante source de motivation de l’individu. Dans le même contexte, il convient de rappeler que les questions de l’insuffisance des services de soins de santé, des infrastructures et des ressources humaines et financières d’une part, et la surpopulation et les difficultés de l’accès aux services et équipements publics de l’autre côté, doivent être prises en considération au niveau de la sensibilisation et de la diffusion de la culture de l’engagement envers le bien-être général de la population.
« Des habitudes alimentaires saines commencent dès le plus jeune âge : l’allaitement au sein favorise une croissance en bonne santé et améliore le développement cognitif. Il pourrait aussi avoir des bénéfices à long terme, par exemple une réduction du risque de surpoids, d’obésité ou de maladies non transmissibles au cours de la vie. L’adoption d’un régime alimentaire sain tout au long de la vie contribue à prévenir toutes les formes de malnutrition, ainsi qu’un grand nombre de maladies et pathologies non transmissibles. L’alimentation est influencée par de nombreux facteurs sociaux et économiques qui se combinent de façon complexe pour façonner les habitudes alimentaires de chaque personne. Parmi ces facteurs, on peut citer les revenus, le prix des aliments (qui détermine la disponibilité et la possibilité d’acquérir des aliments sains), les préférences et les croyances individuelles, les traditions culturelles, ainsi que les aspects géographiques et environnementaux (notamment les changements climatiques) », indique un rapport publié en 2018 par l’OMS.
Ayant parié sur l’efficacité de l’éducation nutritionnelle et la mise en place des ateliers en famille, la nutritionniste Mariem Jendoubi tient à mentionner qu’elle est la première nutritionniste tunisienne à effectuer des consultations via cette méthode à caractère éducatif, familial et inclusif. D’après ses mots, sa vision permet de mettre le patient à l’aise une fois entouré de ses proches, et est à la fois en mesure d’impliquer toute sa famille de manger des repas sains et de suivre un rythme alimentaire régulier et équilibré.
« Vu que j’ai reçu auparavant une formation certifiée en obésité infantile avec l’UNICEF, et comme je prends en charge des enfants souffrant du surpoids ou de l’obésité et je travaille aussi sur des cas des enfants atteints de diabète, je peux dire avec certitude que les doutes et les questions comparatives basées essentiellement au sentiment d’être différent font partie des sensations persistantes qui dominent les pensées de ces patients. Pour ma part, j’essaie toujours de les convaincre que leurs régimes sont plus sains que les repas « normaux ». Et c’est pour la même raison que j’adopte, à plusieurs reprises, la méthode consistant à des consultations en famille », a-t-elle expliqué lors d’une déclaration accordée au Temps News.
Et d’ajouter : « Cette méthode permet généralement de corriger certaines mauvaises ou fausses habitudes alimentaires chez les parents ou l’un des parents. D’autre part, le fait de s’informer de près sur les facteurs et risques des maladies d’origine nutritionnelle permet de renforcer le sens préventif et de faire croître le sentiment de la responsabilité à cet égard ».
D’après l’OMS, la Tunisie fait partie des pays à un stade avancé de la transition nutritionnelle, où le surpoids et l’obésité sont élevés, la sous-nutrition modérée, et où les carences en micronutriments ne concernent que certaines sous-catégories de la population.
Notre interlocutrice a noté, en outre, qu’elle est convaincue que son rôle ne se concentre pas seulement à donner des directives ou de prescrire des traitements, mais consiste également à faciliter les choses et à aider le patient à trouvez des méthodes de traitement adaptées à ses besoins et adéquates à ses capacités et à son aptitude aux soins. Selon la nutritionniste, l’éducation nutritionnelle en famille et ses ateliers à caractère novateur ont un impact positif sur plus d’un niveau, notamment en ce qui concerne le renforcement de la relation parent-enfant et l’appui de la compréhension des besoins des enfants à chaque étape de leurs traitements .
Rym CHAABANI