Le Centre Culturel Fadel Ben Achour à la Marsa abrite actuellement l’exposition de deux artistes-peintres, ayant pour titre « Nostalgie Tunisienne ». Hadhami Soltan et Mohamed Ali Khouaja, deux artistes exposent en commun leurs œuvres traitant de la tradition, chacun selon sa vision, son style et sa démarche, ayant en commun le souci de mettre en valeur la beauté, la variété et la richesse de notre patrimoine culturel.

Les œuvres de l’artiste Hadhami exposées dans cet espace oscillent entre pratiques anciennes, symboles berbères et formes géométriques propres à une architecture tunisienne spécifique. Celles de l’artiste Mohamed Ali, elles ont trait à des scènes puisées dans nos fêtes traditionnelles et aux rites ancestraux qui existent encore dans nos contrées. Cependant, si le thème est commun, les démarches et les styles sont différents ; Hadhami Soltan adopte le style abstrait alors que Mohamed Ali Khouaja recourt au style figuratif.

Khouaja, artiste plasticien autodidacte, travaille depuis des années dans la création artistique, ayant une bonne expérience derrière lui. Il a participé plusieurs fois à des expositions et à divers événements artistiques dans des villes tunisiennes, notamment à Mahdia, sa ville natale. Son travail consiste à mettre en lumière notre héritage culturel. Ses portraits d’hommes et de femmes, bien ancrés dans leurs origines, et soigneusement brossés, témoignent de ce grand intérêt qu’il porte à notre patrimoine immatériel (habillement, aspect vestimentaire, fêtes traditionnelles…)

Hadhami Soltan, artiste-plasticienne tunisienne, obtint un master en éducation plastique en 2011. Elle étudia à l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis. Elle obtint un brevet professionnel du Ministère tunisien de la Culture en 2015. En novembre 2016, elle participa aux activités du « Pont des couleurs », une des plus grandes manifestations de l’art de la peinture en Tunisie, ainsi qu’à plusieurs expositions nationales et forums internationaux en Tunisie et à l’étranger (Égypte, Liban, Algérie, France, Sénégal, Jordanie et Inde.) Elle participa également à des salons internationaux du livre en Tunisie et en Égypte, en tant que peintre professionnel pour activer des ateliers de dessin destinés aux enfants. Elle réalisa des dessins et des illustrations des histoires pour enfants dans le Sultanat d’Oman. De même, elle appartient à de nombreuses sociétés artistiques tunisiennes, arabes et internationales. Elle a travaillé comme professeur de dessin dans une école internationale en Tunisie, dans une école de dessin pour enfants et adultes à la Maison de la Culture de la Manouba, en Tunisie, et dans un club de dessin privé pour enfants.

A travers ses tableaux exposés, l’artiste plasticien Hathami Soltan nous emmène dans un voyage pictural bien singulier puisque ses travaux ne s’inspirent d’aucune école ou courant artistique déterminé, mais plutôt ils sont le fruit d’une sensation personnelle et surtout d’un désir impérieux de peindre la tradition et le patrimoine auxquels l’artiste ressent une nostalgie particulière. On sent à travers ces créations le « harkous » au parfum rafraîchissant, ce produit de beauté qui sert de maquiller les mariées. Cette pratique millénaire remonte aux Berbères, anciens habitants du Maghreb. De la bédouine nomade, à la femme rurale sédentarisée jusqu’à la citadine de la Médina, le « harkous » est une pratique incontournable surtout à l’occasion des cérémonies de mariage. Ces peintures nous présentent un ensemble de signes et de symboles renvoyant aux parures berbères et amazighes. Les couleurs de la terre de ces peintures, les lignes et les touches évoquent l’environnement géographique et historique du sujet traité. Dans cette exposition, la plasticienne Hathami Soltan utilise de l’acrylique et des techniques mixtes pour faire ressortir des figures, des images et des symboles qui font ressusciter la mémoire collective de notre passé riche et varié.

Dans cette exposition, il n’y a pas que la « nostalgie » de la ville antique avec ses ruelles, ses arcades et ses portes, ses fenêtres et ses traditions ancestrales, mais aussi certains tableaux relatent l’actualité, en mettant en relief certains aspects négatifs de la ville, dont la pollution de l’environnement. C’est comme si l’artiste poussait un cri de détresse en appelant à sauver la ville de ces spectacles désolants qui nuisent à notre beau pays.

Hechmi KHALLADI