La guerre de communiqués se poursuit entre le ministère de l’Education et la fédération générale de l’enseignement de base au sujet de la révocation de 350 directeurs d’écoles primaires et des retenues sur les salaires de 17 mille enseignants qui ont refusé de remettre les notes relatives aux trois trimestres de l’année scolaire 2022/2023 avant l’ultimatum fixé par le ministère.

La fédération rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a dénoncé, dans un communiqué publié hier, plusieurs « tromperies » du ministère relatives au bilan des négociations portant sur les revendications des enseignants.

« Le ministère a publié vendredi un communiqué truffé de mensonges et de tromperies. La titularisation de 14500 enseignants évoquée ne constitue pas une faveur accordée par le ministère mais le fruit de luttes sectorielles qui se sont soldées par la signature d’un accord le 16 novembre 2022. De même, le fait que le ministère affirme avoir satisfait l’ensemble des revendications des directeurs des écoles est très exagéré », a-t-elle souligné, tout en énumérant une série de revendications auxquelles le ministère n’a pas répondu positivement.

La fédération a également indiqué que les retenues sur les salaires de 17 mille enseignants constituent un « véritable acte de piraterie » qui reflète le refus des autorités de tutelle de désamorcer la crise à travers un dialogue sérieux et responsable, tout en indiquant qu’elle se réserve le droit d’introduire un recours en justice contre le ministère pour « abus de pouvoir » parallèlement aux luttes syndicales sur le terrain.

Elle d’autre part accusé le ministère de chercher à semer la division des rangs des enseignants en décidant de doubler les salaires des enseignants contractuels et en accordant quelques avantages aux directeurs des écoles.

Le ministre de l’Education avait annoncé, vendredi, la révocation de 350 directeurs d’écoles primaires directeurs ayant rechigné à transmettre les notes remises par les enseignants aux services du ministère et des retenues sur les salaires de quelque 17 000 instituteurs qui refusent toujours de remettre les notes relatives aux trois trimestres de l’année scolaire 2022/2023 à l’appel de leur syndicat.

En réponse à ces sanctions, les enseignants ont entamé des sit-in dans plusieurs régions du pays pour dénoncer la « politique vindicative » du ministère. Dans le même temps, la fédération générale a décidé de tenir une réunion sa commission administrative le mardi 12 juillet (aujourd’hui) pour programmer de nouvelles actions de protestation, qui pourraient aller jusqu’à boycott de la prochaine rentrée scolaire.

Des propositions en deçà des attentes

La fédération générale de l’enseignement de base avait décidé la rétention des notes relatives aux trois semestres l’année scolaire 2022/2023, en signe de protestation contre le refus du ministère de satisfaire les revendications des enseignants. Plusieurs séances de dialogue tenues entre les deux parties se sont révélées infructueuses.

Arguant de la situation peu envieuse des finances publiques, le ministère avait proposé une augmentation de l’indemnité pédagogique de 300 dinars entre 2026 et 2028, mais cette offre a été jugé « très en deçà des attentes » par la fédération rattachée à l’UGTT.

Outre la rétention des notes, la fédération générale de l’enseignement de base organisé plusieurs rassemblements de protestation dans les régions ainsi qu’une « journée nationale de colère » à la Place du gouvernement à la Kasbah.

La fédération réclame l’application de plusieurs accords en suspens conclus ces dernières années avec le ministère de tutelle. Ces accords portent notamment sur des augmentations salariales conséquentes pour compenser la détérioration du pouvoir d’achat des enseignants au cours des dernières années. Dans ce cadre, la partie syndicale a précisé que 75% des instituteurs ne disposent pas de voitures personnelles et 58% ne sont pas propriétaires de leurs logements alors que plus de 90% sont lourdement endettés auprès des banques.

La fédération réclame également l’amélioration du montant de plusieurs indemnités, dont celles liées à l’affectation, au travail dans les zones rurales, au transport et à l’effort pédagogique.

Elle revendique aussi la révision à la hausse de la contrepartie financière des échelles et des échelons accordés dans le cadre de l’avancement professionnel et le décaissement d’une indemnité de fin de service en faveur des instituteurs qui partent à la retraite.

La généralisation de l’octroi de bourses universitaires et du droit au logement universitaire aux descendants des enseignants, la suppression de toutes les formes d’emploi précaire (contrats à durée déterminée, suppléants etc.), l’augmentation du budget alloué à la rénovation des infrastructures scolaires et la promulgation d’une loi incriminant les agressions contre le corps enseignant figurent aussi parmi les revendications du syndicat.

Walid KHEFIFI