La section de Sfax – Sud de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH) a tenu ce vendredi 14 juillet, une conférence dans l’un des hôtels situés à Sfax sous le titre : « La crise de la migration clandestine : Réalité et Perceptions ». Cette conférence, qui a eu lieu en présence du président de la LTDH, Bassem Trifi et d’un nombre de journalistes et activistes, était l’occasion d’aborder les détails et les répercussions de la crise migratoire à la région à partir d’un point de vue droit-de-l’hommiste adopté par une partie prenante engagée, présente sur le terrain et porteuse de propositions et de solutions. Des témoignages vivants de certains migrants ont fait partie du programme de cet événement. 

Lors de son intervention, le président de la LTDH, Bassem Trifi, a indiqué que les différentes structures de la Ligue et son comité directeur sont prêts à contribuer à la mobilisation nécessaire pour consolider les efforts des militants et les différents acteurs associatifs à Sfax au niveau de l’observation, la sensibilisation et la création de solutions. « Nous sommes là pour dire que Sfax n’est pas seule, pour remplir notre mission de près et afin d’éviter d’être accusés d’agir en simples spectateurs », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Le dossier de la migration clandestine et de la migration en général s’étend davantage pour toucher plusieurs gouvernorats à l’instar de : Gafsa, Médenine, Kasserine et Tozeur …

Le Comité directeur de la LTDH et la direction de la section de Sfax ont récemment présenté des visions et des perceptions sur le règlement de la crise et nous sommes là aujourd’hui, à Sfax, pour réitérer les mêmes propositions et perceptions et afin d’insister sur le fait que les autorités tunisiennes doivent agir et avoir recours à l’expérience et l’expertise de la société civile et des organisations gouvernementales et non-gouvernementales .… ». D’après ses mots, il est nécessaire de juguler la question de la migration clandestine et d’avoir les bons outils et les moyens permettant d’identifier ses diverses manifestations pour pouvoir régler la crise. 

« Après discussion avec un nombre d’experts et d’organisations, nous voyons qu’il faut installer des solutions d’hébergement et prévoir des centres d’accueil où il sera possible de contrôler le nombre exact de migrants. Cette démarche permettra également de juguler et limiter la crise d’une part, et de centraliser la fourniture d’aides humanitaire, social et médical de l’autre côté. Dans ce contexte, il sera possible de traiter les dossiers de ces migrants au cas par cas. Et là, il est important de mentionner qu’il ne s’agit pas uniquement de migrants subsahariens et qu’il y a aussi des migrants qui sont venus d’autres endroits. Notons aussi qu’il s’agit de certains migrants qui veulent rentrer chez eux et retourner dans leur pays et d’autres qui veulent se diriger vers l’Europe. Il faut écouter les revendications de toutes ces personnes », a notamment expliqué Bassem Trifi.

Le président de la LTDH a mis en garde, par ailleurs, contre la montée des discours de haine, de violence et de discrimination non seulement contre les migrants ou la communauté subsaharienne mais aussi contre les citoyens et citoyennes tunisiens.ennes et quelques associations qui ont essayé de fournir de l’aide aux migrants qui ont subis de la violance, qui sont bloqués aux frontières tuniso-libyennes ou ceux qui se sont retrouvés sans abri, selon ses dires. Il appelé en outre, à l’application de la loi organique n°2018-50 du 23 octobre 2018, relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. 

Pour rappel, la section Sfax – Sud de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) a appelé, dans un communiqué récemment publié, l’État à adopter un plan de crise fondé sur les principes du respect de l’intégrité des migrants et de la garantie du droit des habitants de la région et a également appelé les autorités à former une cellule de crise composée des représentants des services sécuritaires et judiciaires et des directeurs régionaux des ministères de la santé et des affaires sociales, et ce, en présence du ministre de l’intérieur et avec la participation des représentants des organisations nationales, des organismes professionnels et du reste des composantes de la société civile. 

En revanche, la LTDH, l’Institut arabe pour les droits de l’homme et l’organisation Terre d’Asile Tunisie ont élaboré un « document de 10 points » proposant un ensemble de solutions relatives à la crise migratoire à Sfax et ses retombées. Les principaux éléments de ce document consistent à : « fournir une assistance d’urgence et », « l’apaisement », « la paix sociale », « le respect de la dignité humaine et du droit à la vie », « le respect de la législation nationale et des lois internes du pays d’accueil », « la cessation des arrestations arbitraires et du refoulement », « la cessation immédiate de la violence faite aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile », « la lutte contre les réseaux de traite d’êtres humains », « la régularisation de la situation des catégories des travailleurs migrants travaillant actuellement en Tunisie », « une répartition claire des rôles et responsabilités entre les institutions de l’État, la société civile et les organisations nationales et internationales » et « le travail à moyen et long terme sur la dimension Développement de la migration ». 

Les trois organisations ayant présenté ce document ont appelé les autorités tunisiennes à s’engager dans le dialogue et d’adopter des consultations multilatérales avec les diverses organisations onusiennes, internationales et nationales , actives en Tunisie conformément à la loi tunisienne, pour pouvoir tirer parti des compétences des différentes organisations internationales gouvernementales et non-gouvernementales. 

Rym CHAABANI