En ces temps de canicule, la Tunisie mène une véritable guerre contre les flammes. Au Nord-Ouest, de graves incendies ont touché Tabarka, une région déjà dévastée par des feux la semaine précédente. Plus de 300 habitants du village de Maloula ont été évacués lundi par voie maritime, d’autres par voie terrestre. D’autres incendies se poursuivaient mardi dans plusieurs zones du nord-ouest, notamment à Nefza, Ouchetata et Thibar dans le gouvernorat de Béja et d’autres zones dans les gouvernorats de Bizerte, de Jendouba et de Siliana. Sur les réseaux sociaux, les photos et vidéos, partagées en masse, font état d’un spectacle alarmant où les flammes semblent dévorer tout sur leur passage.
Face à cette tragédie naturelle, des mesures ont été mises en place, notamment une cellule de crise placée sous l’égide de la présidence du gouvernement. Des autobus ont été mobilisés en urgence pour évacuer les citoyens en danger à Jendouba, tandis que les unités de l’armée se sont déployées avec bravoure pour maîtriser les flammes et porter secours aux habitants en détresse. À Tabarka, 150 personnes ont été prises en charge. Malgré les mesures susmentionnées, les dégâts étaient inévitables, laissant derrière eux des cicatrices indélébiles sur les terres bien-aimées de la Tunisie.
Un décès à Nefza
En effet, les différents incendies déclarés à Nefza (Gouvernorat de Béja) depuis hier lundi ont causés la mort d’un directeur d’école par asphyxie en plus des dégâts matériels et naturels.
Les flammes ont endommagé plusieurs habitations, un centre forestier en plus des exploitations des agrumes à Wechtata, des noisetiers à Zwaraa en plus une grande superficie de forêts.
Selon une source de la protection civile, les incendies de Nefza et Wechtata continuent de se propager, mardi, en touchant des localités comme Hraichia, Jwaliya, Taief, Hmaidia ou encore Frahtiya, lit-on sur le site de l’agence TAP.
450 hectares de pin maritime partent en fumée
A Tabarka, les feux de forêts, qui se sont déclenchés, le 12 juillet 2023 dans les forêts de Melloula ont ravagé 450 hectares de pin maritime, a indiqué le chef de l’arrondissement des forêts à Tabarka, Noureddine Azizi dans une déclaration à l’agence TAP. Dans le même contexte, il a rappelé que le couvert forestier de pin maritime s’étale sur 5000 hectares sur les frontières tuniso-algériennes, déplorant les dégâts énormes subis par les écosystèmes de la région. « On était sur le point de maîtriser l’incendie , mais le vent et le sirocco ont favorisé la propagation des feux et compliqué les interventions visant à les contrôler » regrette-t-il.
« La végétation ne s’enflamme généralement pas seule, même par forte température.
La première étincelle aurait été déclenchée par des actions humaines accidentelles ou volontaires », a-t-il ajouté, recommandant de mieux sensibiliser quant à l’importance des écosystèmes environnementaux qui constituent un bien public à préserver, voire un bien appartenant à l’humanité toute entière, face aux changements climatiques qui s’exacerbent et aux risques de réchauffement climatiques qui en découlent, a rapporté l’agence TAP. Et d’ajouter que le responsable a appelé à sanctionner fermement quiconque dont l’implication dans ces actes serait établie, plaidant en faveur d’une meilleure préservation des écosystèmes dans les régions de Tabarka et de Aïn Drahem qui abritent le massif forestier le plus dense du pays, ainsi que dans toutes les régions de la Tunisie. Il a également salué les efforts de tous les intervenants (protection civile, armée, forces sécuritaires, citoyens, Direction Générale des Forêts …), intervenus, mardi, pour maîtriser les poches de feu qui se sont déclarées aujourd’hui dans les secteurs « Ain Al-Sobh » et « Melloula « .
A noter que le couvert forestier en Tunisie s’étend sur 4,6 millions d’hectares, soit 34% du territoire national. Le massif forestier se situe essentiellement dans les régions du nord et du centre ouest et abrite prés d’un million d’habitants. Sa valeur économique est estimée à 932 millions de dinars selon des données du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux.
Selon la même source, l’année 2020 a été marquée par un nombre record d’incendies, avec une moyenne dépassant le nombre d’incendies enregistrés entre 2011 et 2019, selon des données de la Direction générale des forêts relevant du ministère de l’Agriculture. 55 incendies ont été enregistrés entre le 22 juillet et la première semaine d’août 2020, avec 18 incendies dans les régions de Béja, Jendouba, le Kef, Siliana, Bizerte et Nabeul. Le phénomène des feux de forets s’est poursuivi en 2022 qui a connu 88 incendies ayant ravagé prés de 3 mille hectares sur la période allant du 1er juin au 26 juillet 2022.
Ghada DHAOUADI