Arrêté le 28 juillet 2023 pour complot contre l’autorité de l’État, appels à l’insurrection et d’autres accusations, l’opposant sénégalais Ousmane Sonko a été mis en examen et placé sous mandat de dépôt ce lundi 31 juillet. En effet, cette affaire a provoqué des manifestations et des affrontements avec les forces de l’ordre dans diverses villes au Sénégal. Ensuite, d’autres mesures et facteurs ont contribué à mettre du feu aux poudres, notamment la décision de Ousmane Sonko d’entamer une grève de la faim depuis dimanche dernier ( le 30 juin ), la dissolution du Parti de Sonko : « Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) » par le Gouvernement Sénégalais et la décision gouvernementale relative à la suspension temporaire de l’internet mobile.
« À mon retour de la prière du vendredi, ce 28 juillet 2023, des agents des renseignements généraux postés devant mon domicile 24 heures sur 24 se sont mis à me filmer. J’ai arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d’effacer les images qu’elle a prises, ce qu’elle refusa. Présentement, une forte équipe de la gendarmerie fait le guet devant mon domicile, comme vous pouvez le voir, et semble prête à en défoncer la porte. Je rappelle aussi que ces mêmes FDS m’ont volé des biens constitués de 4 téléphones portables, d’un ordinateur MacBook Pro, de mon arme avec l’autorisation afférente, d’une valise contenant des habits et d’une somme de deux millions de francs cfa, lors de mon kidnapping à Koungheul. Je demande au peuple de se tenir prêt pour faire face à ces abus sans fin #Resistance », c’est ce qu’a noté Sonko sur ses comptes Facebook et Twitter juste avant son arrestation.
La coupure de l’internet des données mobiles attise la colère et suscite une vague de dénonciation :
Le Ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie Numérique a annoncé la suspension temporaire de l’internet des données mobiles sur certaine plages horaires à partir du 31 juillet en raison de « la diffusion de messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux dans un contexte de menaces de troubles à l’ordre public ».
À la suite de cette décision, la Ligue des Blogueurs et Cyber-Activistes Africains « AfricTivistes » a dénoncé « cette 2ème coupure temporaire d’internet mobile par le Gouvernement du Sénégal » tout en soulignant qu’ils s’agit de certaines restrictions qui « bafouent les droits fondamentaux à l’information, à la libre expression & impactent fortement le tissue économique » et en mentionnant qu’aucune crise « ne peut justifier de telles violations ». AfricTivistes a noté, en outre, que ces « censures d’internet violent un nombre de textes conventionnels ( comme la DUDH ) et peuvent faire l’objet de plaintes au niveau des cours et tribunaux communautaires ».
Pour sa part, Amnesty International a invité les autorités sénégalaises à « rétablir l’internet dans son entièreté et garantir les droits de tous à jouir de leurs libertés » en notant que « la décision des autorités de suspendre encore la connexion Internet via les données mobiles reste une atteinte à la liberté d’information et d’expression ».
Rym CHAABANI