Par Raouf KHALSI

Aujourd’hui, les journaux de Dar Assabah : Assabah et Le Temps, ainsi que La Presse et Assahafa , n’ étaient pas dans les kiosques. Nos lecteurs, du moins dans notre institution, en sont restés déroutés. Le standard a été bombardé d’appels sur un ton pour le moins contrarié. Qu’avions-nous à répondre ? Que notre matériel d’impression (c’est toute une chaîne) a lâché ? Même situation vécue, d’ailleurs, par nos confrères de la Snipe La Presse…Il est des moments où les mots perdent de leur superbe mordante, simplement parce qu’ils se dérobent eux-aussi.

Si l’on en est arrivé là, c’est parce qu’en une décennie d’incurie, d’instabilité, de clientélisme aussi, deux groupes de presse mythiques se sont retrouvés à la traîne, en butte à des finances asséchées (sciemment asséchées) alors qu’elles ont toujours été à l’avant-garde d’un combat résolu pour que survivent l’information saine et le commentaire libre et dépassionné.

Le président de la République en est sensibilisé. Il s’était rendu aux locaux de La Presse, avant d’en faire de même aux locaux de Dar Assabah. Sa vision est claire : « Pas questions de brader, ni de céder ces deux grandes citadelles de la presse tunisienne, aux prédateurs aux desseins inavoués ». Sur ses instructions, des conseils ministériels restreints se sont tenus pour identifier les dysfonctionnements, disséquer la crise financière, sécuriser les employés et établir des plans de redressement.

Aujourd’hui, après la non-parution des journaux, le Président a reçu Hechmi Blouza , Délégué de Dar Assabah et Chokri Ben Nessir président directeur général de la Snipe -La Presse.

Il a encore réitéré son soutien aux deux groupes, ainsi que son attachement à la liberté d’expression.

En tous les cas, seules des mesures drastiques et urgentes pourront sortir les deux groupes du marasme et, ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit aujourd’hui d’une impérieuse question de survie, de « pérennité », comme l’a affirmé le Président à maintes reprises. Un pan, vaste, riche, de la mémoire collective. Le pari de l’authenticité, celui du sens de l’appartenance à un pays qui relève aujourd’hui de grand défis. Un gage pour l’avenir aussi.