L’Ocean Viking, navire-ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru 623 personnes en détresse lors de 15 sauvetages survenus dans les dernières 36 heures au sud-ouest de l’île italienne de Lampedusa, a annoncé ce vendredi l’ONG humanitaire basée à Marseille. Parmi ces migrants, l’ONG a identifié 146 mineurs non-accompagnés et 15 mineurs accompagnés ainsi que deux femmes enceintes, a-t-elle précisé à l’AFP. N’ayant pas la capacité de transporter sur une longue distance tous les rescapés, une partie d’entre eux vont être débarqués dans la soirée vers Lampedusa et l’autre à Civitavecchia, port situé au nord-ouest de Rome, que le navire devrait « atteindre d’ici le 14 ou 15 août », a indiqué la directrice-adjointe des opérations Carla Melki.

Une grande partie des personnes rescapées sont originaire du Soudan, pays en guerre depuis près de quatre mois, mais également de Guinée, de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Bénin ou encore du Bangladesh. L’Ocean Viking avait reçu jeudi « l’instruction du centre de coordination des secours italiens d’assister des cas de détresse au sud-ouest de Lampedusa », avait expliqué dans la journée SOS Méditerranée dans un communiqué.

La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  L’agence onusienne estime que depuis début 2023, 1.848 migrants y ont disparu contre 1.417 sur toute l’année 2022. L’Ocean Viking avait été retenu durant dix jours en juillet par les autorités italiennes qui lui reprochaient des défaillances de sécurité, mais il avait été autorisé à reprendre la mer le 21 juillet.

Les tentatives de traversées depuis l’Afrique du Nord se multiplient depuis plusieurs semaines, malgré des conditions météorologiques très variables. Ce mardi, un naufrage a fait 41 morts dans le détroit de Sicile alors que seuls 4 migrants ont pu être secourus. Les rescapés avaient dérivé pendant quatre jours avant d’être récupérés par un navire de marchandises maltais. Samedi dernier, les garde-côtes italiens ont secouru 57 survivants après le naufrage de deux embarcations au large de Lampedusa, alors que la mer était déchaînée. Une trentaine d’autres passagers sont portés disparus.

Ces tentatives de traversées sont d’autant plus dangereuses que les navires humanitaires sont soumis à de nouvelles règles restrictives par le gouvernement italien de Giorgia Meloni. Depuis début 2022, un décret impose aux navires de demander immédiatement un port de débarquement vers lequel ils devront se diriger « sans délai » après une intervention de secours, plutôt que de rester en mer pour venir en aide aux occupants d’autres embarcations en danger comme c’est actuellement le cas. Sans compter les nombreux contrôles administratifs pour les navires humanitaires. Le 11 juillet, l’Ocean Viking a ainsi été immobilisé pendant 10 jours à cause de problèmes concernant les « radeaux de survie », un « point qui n’avait pourtant jamais été relevé » au cours de sept contrôles précédents, selon l’ONG. Le bateau a finalement pu reprendre la mer le 21 juillet.

Au moins 1 848 migrants y sont morts depuis le début de l’année, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), contre 1 417 sur l’ensemble de l’année 2022. En y ajoutant les décès en Méditerranée occidentale (200 entre le Maroc et l’Espagne) et orientale (49 entre la Turquie et la Grèce), le bilan dépasse déjà les 2 000 morts depuis le début de l’année.

(avec agences et médias)