Les Tunisiens ont revisité récemment le feuilleton « Naouret El Hawa », captivés par les rebondissements de chaque épisode. Mais derrière les regards concentrés et les émotions capturées, les scènes d’horreur liées au trafic d’organes ont suscité des réactions d’empathie pour les victimes innocentes, surtout pour les enfants.
Après la fin de la saison, une question cruciale demeure : quel est l’état des lieux de ce commerce illicite en Tunisie ? S’agit-il d’un phénomène comme affirment certains ? Le trafic d’organes ne se limite pas en effet à une intrigue télévisée pour émouvoir le public. Ce n’est pas non plus une simple recommandation de nos aînés pour nous éloigner des étrangers. Le trafic d’organes est loin d’être une simple rumeur. C’est une réalité sombre qui perdure dans certains coins de notre pays.
Les organes humains vendus à des sommes entre 25 et 30 mille dinars
Le procureur de la République et porte-parole du Tribunal de première instance de Kasserine, Slah Eddine Rachdi a indiqué, dans une déclaration accordée à « Mosaique FM » le 13 août 2023, que des mandats de dépôt ont été émis à l’encontre de cinq personnes pour trafic d’organes.
Dans le même contexte, Rachdi a fait savoir que trois autres personnes, impliquées dans la même affaire, ont été interdites de voyage alors qu’un autre individu a été maintenu en état de liberté.
Rappelons que Rachdi avait déclaré, le 11 aout 2023, que le ministère public auprès du Tribunal a ordonné l’arrestation de cinq personnes, dont une femme, pour avoir formé un réseau international de trafic d’organes. Selon la même source, le chef du gang est détenteur d’une double nationalité syro-turque.
A noter que les organes humains sont vendus en Turquie à des sommes qui varient entre 25 et 30 mille dinars, d’après Rachdi.
Le processus de transplantation d’organes est supervisé..
Cependant, il est crucial de ne pas confondre deux chemins bien distincts : le trafic et la transplantation d’organes. Ces deux réalités diffèrent radicalement. D’un côté, la transplantation détient le pouvoir de sauver plusieurs vies, apportant une lueur d’espoir dans l’obscurité. D’un autre côté, le trafic met tragiquement fin à des vies.
Le directeur général du Centre national pour la promotion de la transplantation d’organes (CNPTO), le Jalel Eddine Ziadi, a catégoriquement nié, dans une déclaration accordée à « Shems FM » le 12 juillet 2023, l’existence du commerce d’organes en Tunisie. Ziadi a souligné que le processus de transplantation d’organes n’est pas facile et nécessite plusieurs conditions stipulées par les lois tunisiennes.
Selon la même source, le don d’organes peut provenir d’une personne encore en vie et doit respecter plusieurs conditions, ou bien d’une personne décédée cérébralement, ajoutant qu’il est impossible de prélever des organes d’un cadavre. Il a également expliqué que le processus de transplantation d’organes exige de la rapidité, car les organes comme le cœur, les reins et le foie ne restent viables pour la transplantation que pendant des durées limitées. Il a précisé : « Le cœur doit être transplanté dans un délai de 4 heures, le foie entre 8 et 10 heures, et les reins entre 18 et 20 heures seulement », lit-on sur le site de « Shems FM ».
Le directeur général du CNPTO a également souligné que le processus de transplantation d’organes est supervisé par une équipe composée de 70 à 80 membres. Il convient de noter que le CNPTO est la seule entité habilitée à mener de telles opérations, en plus de l’approbation du ministère de l’Intérieur. Et d’ajouter qu’il n’est pas possible pour n’importe qui de réaliser des transplantations d’organes. Les tissus doivent être compatibles.
Le nombre de médecins spécialisés dans les transplantations d’organes s’élève à environ 13 médecins, dont 3 pour les transplantations cardiaques, entre 6 à 7 pour les transplantations rénales et entre 2 à 3 pour les transplantations hépatiques, selon Ziadi.
Il est à mentionner que la transplantation d’organes est gratuite et volontaire, et que le bénéficiaire des organes ne connaît pas le donneur volontaire, d’après Ziadi.
Ghada DHAOUADI