C’est la kermesse annuelle du cinéma amateur. Du 19 au 26 août, le FIFAK permettra, comme chaque année, de découvrir les derniers essais filmiques de la jeune génération ; ses thèmes phares et ses préoccupations, ses humeurs et ses états d’âmes, ses trouvailles et ses expérimentations. Discussions, débats et ateliers seront bien sûr de mise, avec le plaisir balnéaire de Kélibia, comme cerise sur le gâteau. Un vent de fraîcheur cinéphile sur la médiocrité ambiante. Avant-papier.

59 ans et pas une seule ride. Idéaliste, engagé et communautaire, le FIFAK (Festival international du film amateur de Kélibia) conserve surtout sa joie de vivre et son ardeur cinéphile. Depuis 1964, cette kermesse inébranlable du film amateur représente un véritable laboratoire de cinéma et un berceau pour plusieurs générations d’amateurs et de professionnels du 7ème art. Le festival a célébré l’année dernière la soixantième pige de la fédération mère – la FTCA (Fédération tunisienne du cinéma amateur) ; il fêtera, l’été prochain, ses propres soixante ans d’existence.

Moment charnière entre ces deux anniversaires emblématiques, cette 36e édition, qui se tient du 19 au 26 août, maintient les constantes du festival : des courts métrages amateurs, indépendants ou d’écoles, tunisiens et de différentes nationalités, seront répartis, tout au long de la semaine, en deux compétitions, internationale et nationale. Des séances spéciales, dont le traditionnel hommage au cinéma palestinien, complètent le tableau des projections nocturnes qui auront lieu au théâtre de plein air Zin Essafi, alias « Dar Echaâb », alors que des ateliers, colloques et nombreux débats seront au programme dans la mythique école de pêche.

En ouverture du festival, le film espagnol « La Visite et un jardin secret », un documentaire de 65 minutes réalisé par Irene Borrego. La compétition officielle comporte une sélection internationale avec 49 films de 29 pays (dont 6 tunisiens), un bouquet national avec 28 films, un critérium pour 12 scénarios et un autre pour 30 photographies. Les films concourront pour divers prix, récompensant la meilleure fiction, le meilleur documentaire, le meilleur film d’animation et le meilleur expérimental, outre un prix spécial du Jury et des prix parallèles attribués, notamment, par l’UGTT, l’ATPCC et les anciens de la FTCA. Décerné au meilleur film, le Faucon d’or est la récompense suprême.

Rehaussé par la présence de notre confrère Hatem Bourial, journaliste, écrivain, homme de culture et critique d’arts, le jury de la compétition nationale comprend également un pilier de la FTCA, le cinéaste amateur Zaki Samoud, outre l’actrice Najoua Zouheir, l’acteur et réalisateur Nasreddine Shili et la productrice Khadija Lemkacher. Le jury de la photographie et du scénario est, pour sa part, valorisé par la présence de notre consœur cinéphile Chiraz Ben Mrad, journaliste, ciné-clubiste et chercheure, entourée de l’artiste visuel Belhsan Handous et un autre pilier de la FTCA Hichem Toumi.

Le Jury de la compétition internationale est, lui, essentiellement composé de cinéastes internationaux qui se sont distingués dans des éditions passées du FIFAK, à savoir la réalisatrice rwandaise Marie-Clémentine Dusabejambo, le cinéaste amateur algérien Yahia Mouzahem, la productrice colombienne Estephania Bonnett et le réalisateur d’animation norvégien Mats Grorud. Le directeur photo tunisien Amine Messadi complète la liste.

Les clubs de la FTCA, des viviers d’engagement militant et d’idées progressistes, participent avec 8 films, dont deux en compétition internationale (club de Hammam-Lif et celui de Kélibia), précise auprès du journal Le Temps Alaa Eddine Hammami, le chargé de la programmation du festival. Outre le traditionnel atelier d’écriture de scénario, le FIFAK propose, cette année, un atelier pour la photographie argentique. Par ailleurs, le festival a choisi de réduire les séances spéciales et les longs métrages, « pour donner un maximum d’espace pour les courts-métrages et pour les débats », explique Hammami.

Dans une conférence de presse tenue la semaine dernière, le directeur du festival et président de la FTCA Adel Abid avait, notamment, mis en lumière les méandres bureaucratiques qui persistent, depuis des années, au niveau des subventions étatiques. Pour cette édition, le FIFAK attend une subvention de 200 mille dinars du ministère de la Culture. Un montant, pour le moins que l’on puisse dire, dérisoire, comparé aux cachets phénoménaux octroyés par les autorités publiques à plus d’une centaine de festivals d’été, qui poussent désormais comme des champignons dans tous les coins de la Tunisie. Et dont la médiocrité a atteint, cette année, des dimensions alarmantes.

Après l’énième annulation du jazz à Tabarka, le FIFAK de Kélibia est désormais la dernière place forte de l’événementiel estival. Un vent de fraîcheur cinéphile sur la médiocrité ambiante.

Slim BEN YOUSSEF