Par Samia Harrar
Et surtout pas revancharde. Il faut comprendre aussi que ce n’est pas sa vocation, ni ce pourquoi elle a été instituée. Voilà pourquoi lorsque la justice déraille, dans n’importe quel pays au monde et sous n’importe quelle latitude, il y a problème et il est sérieux. Lorsqu’il y a dysfonctionnement, et incapacité de toujours s‘élever dans le rôle, et la charge qui lui est dévolue, la justice devient bancale et infirme, perdant ainsi en discernement et en force de proposition, et peinant ainsi à contribuer, à ce que les prisons se désemplissent. Non pas en encourageant l’impunité : ce qui serait une façon de se tirer une « balle » dans son propre pied, mais en veillant scrupuleusement à trouver d’autres façons de faire, et de penser la « sentence », qui seraient plus éclairées, et autrement efficaces que l’enfermement pur et dur, quand les cas qui se posent à elle, requièrent plutôt magnanimité et clémence, afin de corriger le « tir ».
En ce sens, béni soit le juge, qui a pris la décision d’opter, en guise de punition, pour l’exécution de travaux d’intérêt général, plutôt que d’envoyer un pauvre « hère » en prison, parce qu’il aurait chapardé des produits alimentaires dans une épicerie.
A raison de deux heures de travail par jour de prison prononcé, un jeune homme, en situation d’extrême précarité, et qui vit avec sa mère paralysée, gagnera plus, à assurer sa « sentence » de cette façon, plutôt que de se retrouver derrières les « barreaux, en train de ruminer sur son sort, et sur celui de tous ceux, qui, comme lui, n’arrivent pas à trouver subsistance, et sont donc renvoyés dans les marges. A voir se creuser l’abîme, chaque jour un peu plus.
Au sortir de prison, il aura engrangé de la haine et du ressentiment, et en lieu et place de voler de la nourriture, il passera alors à la « vitesse supérieure », car, « largué » pour largué, il en tirera les conclusions qui s’imposeront à lui : à savoir qu’il n’aura plus rien à perdre, et qu’il a déjà donné. Ce qui l’exemptera de tout remords.
En revanche, il est étonnant que ce genre de pratique, reconnue depuis des « lustres », sous d’autres cieux, et appliqué en cas de délit « mineur », ait pris tout ce temps, avant de traverser les voies de la conscience pour atterrir « intramuros ». Mettons qu’il n’est jamais tard pour bien faire, et arrangeons-nous pour que cela devienne, désormais, la norme. Et surtout pas l’exception !