Le commerce international est un indicateur clé du dynamisme de l’économie mondiale. Les données commerciales reflètent, comme peu d’autres indicateurs, la vigueur des conditions économiques dans les différents pays. En d’autres termes, le commerce révèle l’appétit des consommateurs pour les biens finaux, ainsi que les besoins des entreprises en biens intermédiaires et en biens d’équipement, et leurs capacités de production. Ainsi, les volumes d’échanges fluctuent en fonction des cycles mondiaux d’expansion et de contraction de l’économie, et constituent donc un indicateur instructif des conditions macroéconomiques.
Les dernières données publiées montrent que les volumes d’échanges se sont stabilisés. Selon le Bureau central de planification des Pays-Bas pour l’analyse de la politique économique (CPB NEPA), les volumes du commerce mondial sont restés globalement inchangés depuis la fin de l’année dernière, après avoir chuté depuis le pic enregistré en septembre 2022. Cette évolution reflète la résistance de l’économie face à des vents contraires importants, comme nous l’avons expliqué dans un précédent article. (previous commentary.)
Volume des échanges internationaux
(indice, 2010=100, corrigé des variations saisonnières)
Toutefois, ces statistiques fournissent une image rétrospective du dynamisme du commerce, plutôt que des perspectives d’avenir. Les données de la CPB NEPA, par exemple, ont un décalage de trois mois et sont donc peu utiles pour se faire une idée des tendances futures. Il est donc utile d’utiliser des indicateurs prospectifs ou avancés qui permettent d’anticiper les tendances à venir.
Selon nous, les indicateurs avancés suggèrent que le commerce mondial a peut-être atteint le creux de la vague et qu’il est prêt à entamer une phase de reprise. Dans cet article, nous examinons trois facteurs principaux qui soutiennent notre point de vue.
Premièrement, les mouvements de change sont susceptibles de soutenir le commerce international. Historiquement, le commerce mondial a tendance à être négativement corrélé à l’USD. Lorsque le dollar s’affaiblit, le commerce mondial se développe grâce à des importations moins chères en dehors des États-Unis, car plus de 50 % des transactions commerciales sont libellées en USD. Le dollar s’étant déprécié de 10 % depuis son pic de septembre 2022 par rapport à un panier de devises majeures, le commerce mondial devrait être soutenu par l’augmentation des importations dans des pays autres que les États-Unis. Cette dynamique pourrait être stimulée par une dépréciation supplémentaire du dollar, si la Réserve fédérale américaine interrompt son cycle de resserrement avant la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre.
Deuxièmement, le cycle manufacturier mondial a probablement atteint son point le plus bas dans les principales économies avancées. Aux États-Unis, le cycle manufacturier dure généralement trois ans, répartis également en 18 mois de contraction et 18 mois d’expansion. Selon l’enquête de l’Institute of Supply Management qui suit l’activité du secteur manufacturier, la tendance à la baisse actuelle a commencé au milieu de l’année 2021. Depuis lors, l’activité industrielle s’est déjà stabilisée. Dans la zone euro, l’industrie manufacturière a suivi une dynamique similaire à celle des États-Unis et devrait se redresser au second semestre grâce à l’amélioration des revenus réels, à l’atténuation de la crise énergétique et à la baisse des prix du gaz naturel, ainsi qu’à la nécessité de reconstituer les stocks après une phase de déstockage qui a pesé sur l’activité. Le commerce mondial devrait bénéficier d’un élan supplémentaire, car l’industrie manufacturière semble avoir atteint son point le plus bas dans les deux principales économies avancées.
Troisièmement, les attentes des investisseurs tournés vers l’avenir suggèrent un regain d’optimisme et anticipent une amélioration des perspectives du commerce international. L’indice Dow Jones Transportation Average, qui regroupe les compagnies aériennes, de camionnage, de transport maritime, de chemin de fer et de livraison, est un indicateur utile qui traduit ces attentes sur les marchés boursiers. La performance de cet indicateur tend à anticiper les exportations mondiales d’au moins trois mois. Depuis le creux atteint en avril de cette année, il s’est redressé de 14 %, ce qui laisse penser que le commerce mondial devrait revenir à un mode expansionniste au cours du second semestre 2023.
Indicateurs clés des échanges mondiaux
(%,en glissement annuel)
Dans l’ensemble, les volumes du commerce mondial semblent avoir atteint leur niveau le plus bas et les indicateurs avancés suggèrent qu’ils entrent dans une phase de reprise. Le commerce est un bon reflet des conditions macroéconomiques et fournit un autre indicateur de la résistance de l’économie mondiale.