Élever des enfants, une quête parfois titanesque qui exige patience et efforts. Chaque parent aspire au meilleur pour leur bien-aimé, cherchant l’épanouissement et la joie à chaque étape. Nombreux sont ceux qui investissent temps et argent, espérant voir un simple sourire illuminer le visage de leurs petits. Mais au cœur de cette quête, les inquiétudes se frayent un chemin. Chacun porte son fardeau particulier.

Prenons l’exemple des parents d’enfants autistes, confrontés à des défis uniques. Ils font face non seulement à la tâche complexe d’adopter un comportement « spécial » avec eux, mais également à la lutte pour leur intégration au sein de la société. L’éducation préscolaire constitue souvent la première étape de cette intégration, mais que se passe-t-il lorsque cette démarche se complique, lorsque l’inscription en jardin d’enfants devient un défi en soi ?

« Les jardins d’enfants privés doivent accepter les enfants autistes »

La ministre de la Famille, de la femme, de l’enfance et des personnes âgées, Amal Belhaj Moussa, a souligné, lundi, que les jardins d’enfants privés doivent accepter les enfants autistes qui demandent à y être inscrits, après l’approbation des commissions régionales créées à cet effet.

La ministre qui présidait une séance de travail avec les cadres supérieurs du secteur de l’enfance, consacrée à l’examen des préparatifs en prévision de la rentrée éducative, notamment en ce qui concerne le programme « Inclusion des enfants atteints de trouble du spectre de l’autisme (TSA) dans les institutions de la petite enfance », a mis l’accent sur la nécessité de consolider l’adhésion de tous les jardins d’enfants privés à ce programme, compte tenu du rôle primordial du secteur privé dans l’intégration des enfants autistes et dans la consécration de leur droit à l’accès à l’éducation préscolaire, selon l’agence TAP.

Elle a souligné que son département se charge, dans le cadre de ce programme, du paiement des frais de scolarité préscolaire pour les enfants atteints de TSA en accordant des subventions mensuelles aux jardins d’enfants privés participant au programme (100 dinars pour les frais de scolarité et 100 dinars pour la rémunération d’un orthophoniste ou d’un ergothérapeute en fonction des besoins de l’enfant).

Dans le même contexte, la ministre a recommandé d’intégrer au moins 600 enfants atteints d’autisme dans les jardins d’enfants publics et privés, au cours de la nouvelle année scolaire 2023-2024, et d’oeuvrer en vue d’augmenter le nombre de bénéficiaires de ce nouveau programme, indiquant qu’au cours de l’année scolaire 2022-2023, 315 enfants atteints de TSA ont été admis dans des jardins d’enfants publics et privés.

Le programme relatif à l’inclusion des enfants atteints de TSA dans les institutions de la petite enfance a été lancé en 2022 en vue d’assurer le droit de ces groupes de bénéficier d’un enseignement préscolaire inclusif et de qualité dans des établissements offrant des espaces aménagés, un encadrement pédagogique spécialisé et des équipements adaptés, leur permettant de s’adapter positivement à leur situation et d’apprendre à communiquer positivement et efficacement avec leur environnement social.

A mentionner que le ministère avait publié un guide de l’éducateur mis à la disposition des éducateurs et des animateurs des secteurs public et privé afin de les aider à acquérir les connaissances théoriques et les compétences pratiques nécessaires pour savoir comment accompagner et éduquer un enfant autiste, d’après la ministre.

Des chiffres et des lettres

Lorsqu’il s’agit d’aborder ce phénomène crucial qu’est l’autisme en Tunisie, les statistiques globales récentes se font malheureusement rares. Néanmoins, à travers les derniers chiffres disponibles environ 200 000 enfants souffrent de troubles du spectre de l’autisme en Tunisie, selon une déclaration de  Wanessa El Amri, représentante de la Principauté de Monaco, qui finance le projet ” pour une meilleure prise en charge et intégration des enfants autistes en Tunisie “, a rapporté l’agence TAP en décembre 2021.

Il est à mentionner que les troubles du spectre autistique regroupent un ensemble d’affections. Ils sont caractérisés par un certain degré d’altération du comportement social et de la communication. D’autres caractéristiques sont des modes atypiques d’activités et de comportements, comme la difficulté à passer d’une activité à une autre, une focalisation sur des détails et des réactions inhabituelles à des sensations, d’après l’Organisation mondiale de la santé. Et d’ajouter que les capacités et les besoins des personnes atteintes d’autisme sont variables et peuvent évoluer au fil du temps. Alors que certaines personnes atteintes d’autisme sont capables de vivre en toute autonomie, d’autres souffrent de graves handicaps qui nécessitent des soins et une aide toute la vie durant. L’autisme a souvent une incidence sur l’éducation et les opportunités d’emploi. De plus, les demandes pesant sur les familles apportant les soins et un soutien peuvent être importantes. Les attitudes sociétales et le soutien apporté par les autorités locales et nationales sont d’importants facteurs qui déterminent la qualité de vie des personnes autistes, selon la même source.

Les caractéristiques de l’autisme peuvent être détectées chez le jeune enfant mais souvent, l’autisme n’est diagnostiqué que bien plus tard. Les personnes atteintes d’autisme présentent souvent des comorbidités, parmi lesquelles l’épilepsie, la dépression, l’anxiété, un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité ainsi que des comportements difficiles comme des troubles du sommeil et des automutilations. Le niveau de fonctionnement intellectuel est extrêmement variable et peut aller de la déficience profonde à des capacités cognitives supérieures, lit-on sur le site de l’OMS.

Ghada DHAOUADI