En Tunisie, le VIH reste un sujet largement tabou, entouré de mystère et de silence. Malgré les avancées dans la sensibilisation et la prévention, aborder ouvertement les différents aspects de cette maladie demeure difficile. Sur les plateformes de médias sociaux, où les gens cherchent souvent des réponses à leurs questions de manière anonyme, le manque d’informations sur le VIH est évident. Les discussions restent superficielles et souvent teintées de peur et de méconnaissance. Combien de vies ont été emportées par cette maladie insidieuse ? Combien de personnes ont dû lutter seules contre la dépression et l’isolement, par crainte du rejet de la société ? Il est crucial de briser ce silence persistant et d’éduquer la société sur la réalité du VIH, afin de mettre fin à la stigmatisation et d’offrir un soutien adéquat à ceux qui en ont besoin.

La Tunisie a enregistré 419 cas de contamination par le VIH jusqu’en décembre 2023, selon les informations fournies par Sonia Torkhani, représentante de l’Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida (ATL MST Sida).

Torkhani a ajouté, dans une déclaration à Diwan FM en marge de l’organisation d’une caravane mobile pour dépister les maladies féminines au centre de santé de base de la région de Charfet à Nabeul le 28 avril 2024, que la Tunisie fait partie des pays connaissant une hausse des cas de contamination par le VIH, en particulier chez les jeunes.

Symptômes absents au début de l’infection?

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est une infection qui attaque le système immunitaire de l’organisme, en particulier les globules blancs appelés cellules CD4+. Le VIH détruit ces cellules, affaiblissant l’efficacité du système immunitaire du patient contre des infections telles que la tuberculose et certains cancers.

L’OMS recommande que toute personne à risque de contracter le VIH ait accès au dépistage. En cas de diagnostic positif, les personnes séropositives doivent se voir proposer et suivre un traitement antirétroviral le plus rapidement possible. S’il est pris de manière régulière, ce traitement prévient également la transmission du VIH à d’autres personnes.

Si le nombre de cellules CD4+ de la personne séropositive tombe en dessous de 200, son immunité est gravement compromise, ce qui la rend plus vulnérable aux infections. Une personne présentant un taux de CD4+ inférieur à 200 est décrite comme ayant le sida (syndrome d’immunodéficience acquise).

Le VIH peut être diagnostiqué à l’aide de tests de diagnostic rapide, qui sont simples et abordables, ainsi que par un autodépistage. Il est important que les services de dépistage du VIH suivent les 5C : consentement, confidentialité, conseil, résultats corrects et connexion avec un traitement et d’autres services.

De nombreuses personnes ne ressentent pas de symptômes du VIH dans les premiers mois suivant la contamination et ignorent parfois qu’elles sont infectées. D’autres peuvent éprouver des symptômes d’allure grippale, notamment de la fièvre, des maux de tête, des éruptions cutanées et des maux de gorge. Or, c’est au cours de ces premiers mois que le virus est le plus virulent.

À mesure que la maladie progresse, les symptômes seront plus nombreux et plus prononcés. Le patient sera alors susceptible de présenter des ganglions lymphatiques enflés, une perte de poids, de la fièvre, des diarrhées et de la toux. Le VIH affaiblit la capacité de l’organisme à combattre d’autres infections, et sans traitement, les patients deviendront plus vulnérables à d’autres maladies graves telles que la tuberculose, la méningite cryptococcique, les infections bactériennes et certains cancers, y compris les lymphomes et le sarcome de Kaposi.

Le diagnostic du VIH s’effectue à l’aide de tests rapides dont les résultats sont disponibles le jour même et qui peuvent être effectués à domicile, bien qu’un test en laboratoire soit ensuite nécessaire pour confirmer l’infection. Ce dépistage précoce améliore considérablement les options de traitement et réduit le risque de transmission à d’autres personnes, y compris en cas de rapports sexuels ou de partage de drogues.

Ghada DHAOUADI