La mobilisation des professeurs d’enseignement secondaire suppléants reprendra de plus belle à l’approche de la rentrée scolaire. Soutenus par la fédération générale de l’enseignement secondaire rattachée à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), ces enseignants appelés régulièrement en renfort depuis 2008 pour remplacer des enseignants permanents décédés ou en situation d’invalidité ont annoncé la reprise de leurs activités revendicatives à partir de la semaine prochaine.
« Des rassemblements de protestation devant le ministère de l’Education et les commissariats régionaux de l’éducation seront organisées à compter de la semaine prochaine pour réclamer la régularisation de leur situation des enseignants suppléants exerçant dans les collèges et les lycées secondaires », a annoncé le président de la Coordination nationale des professeurs suppléants, Malek Ayari.
« Ce mouvement de protestation intervient alors que les professeurs suppléants se sentent exclus de la politique de la régularisation de la situation des salariés exerçant dans des conditions précaires, qui a déjà concerné quelque 22 mille enseignants du primaire et plusieurs milliers d’ouvriers de chantiers », a-t-il expliqué.
Le responsable syndical a précisé dans ce cadre que les enseignants suppléants réclament l’application de l’accord conclu le 23 mai 2023 entre la fédération générale de l’enseignement secondaire et le ministère de l’Education et acceptent le principe du recrutement sur la base de contrats à condition que les autorités de tutelle procèdent à la majoration des salaires et annonce délais précis pour la titularisation. Ils plaident pour la création d’une deuxième base de données regroupant les suppléants ayant exercé entre septembre 2016 et juin 2023, en plus de celle couvrant la période allant de septembre 2008- juin 2016.
« La galère des enseignants suppléants des enseignants du secondaire dure depuis 2008. Alors que l’inflation a atteint des sommets, ces enseignants ne touchent qu’une indemnité mensuelle de 750 dinars, dont 150 dinars sont prélevés chaque mois à titre de couverture sociale et sanitaire », a fait remarquer le président de la Coordination nationale des professeurs suppléants.
Payés une fois par et privés de couverture maladie !
Il a d’autre part révélé qu’environ 14% de ces enseignants sont aujourd’hui âgés de plus de 50 ans, notant que ces derniers se trouvent encore obligés d’emprunter de l’argent à des proches pour subvenir aux besoins de leurs familles ou se faire soigner dans le secteur privé. Raison pour laquelle la coordination souligne la nécessité de l’adoption du critère de la bonification en fonction de l’âge en ce qui concerne la régularisation de la situation des enseignants suppléants, le lancement de négociations pour trouver des solutions aux diplômés des filières dites « bloquées », la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble des enseignants temporaires et le versement des salaires échus et non payés.
Un accord sur le recrutement des enseignants suppléants avait été conclu en 2018 entre le ministère de l’Education et le syndicat général de l’enseignement secondaire n’a été appliqué que partiellement. Sur les 4000 professeurs d’enseignement secondaire concernés par cet accord, la moitié seulement a été intégrée.
Le nombre des professeurs suppléants s’élève aujourd’hui à environ 10.000 enseignants, dont un grand nombre a bouclé plus de dix ans d’exercice dans différents établissements d’enseignement secondaire du pays. Outre la précarité de l’emploi, ces enseignants ne sont souvent payés qu’une fois par an. Et l’injustice qu’ils subissent ne s’arrête pas là : des prélèvements sont effectués sur cette rémunération au profit de la Caisse nationale de retraite de prévoyance sociale (CNRPS) au titre de cotisations sociales alors que les enseignants suppléants ne bénéficient ni de cartes de soins, ni d’allocations familiales.
Les autorités de tutelle ont jusque-là motivé la non-application des accords conclus avec le syndicat de l’enseignement secondaire sur le recrutement des enseignants suppléants par les fortes pressions qui pèsent sur les finances publiques et l’engagement du gouvernement à réduire les effectifs de la fonction publique et à geler les recrutements pour répondre aux exigences des bailleurs des fonds, relatives à la réduction de la masse salariale du secteur public.
Walid KHEFIFI