La récente pénurie du lait, essentiellement conditionnée par la baisse de la production en cette période de l’année, augure-t-elle une nouvelle crise chronique de cette denrée essentielle ? Les professionnels de la filière ont tendance à rassurer, mais les problèmes structurels du secteur persistent.
Le président de la Chambre nationale des centres de collecte du lait, Hamda El-Aifi, a indiqué qu’il n’y a pas de crise dans la filière du lait, tandis que le chargé des produits laitiers à l’UTAP, Yahya Massaoud, a souligné que bien que le pays souffre d’une pénurie en la matière, il a besoin de messages plus rassurants.
De son côté, le Chef du gouvernement, Ahmed Hachani a appelé, lors d’une séance de travail ministérielle consacrée à l’examen de la situation de la filière laitière le 6 septembre 2023, à mieux coordonner entre toutes les parties intervenantes de la filière laitière en vue de trouver les meilleures solutions permettant de préserver le pouvoir d’achat du citoyen et la pérennité de ce secteur. Hachani a pris connaissance, à cette occasion, des indicateurs et des statistiques liés à la chaîne de valeur, et de l’évolution du coût de production en dépit des défis actuels.
Dans une déclaration accordée à l’Agence TAP sur la frénésie des consommateurs sur l’achat du lait conditionné qui a ramené en conséquence à une pénurie des quantités offertes par les grandes surfaces, Al-Aifi a affirmé, jeudi, que le lait conditionné est disponible en quantités couvrant la consommation quotidienne d’environ 1 million et 900 mille litres de lait conditionné, un volume qui est très proche de la production de lait frais collecté.
« Les Tunisiens affluent sur l’achat du lait conditionné dans les grandes surfaces commerciales, lesquelles sont contraintes à rationaliser les quantités autorisées à chaque citoyen face aux craintes d’une crise qui a frappé le secteur public l’année dernière », a-t-il souligné. El-Aifi a révélé la présence d’un stock stratégique de 20 millions de litres de lait conditionné, sur lequel le pays compte beaucoup en injectant des quantités dans les marchés afin de répondre à la demande quand le besoin se fait sentir et lors de la baisse de la production et de la collecte et par-delà le recours au conditionnement de ce produit.
A cet égard, Il a écarté l’idée que le manque de lait est dû à l’entrée de la période de baisse de production de lait que connaît la filière de l’élevage de bétail en Tunisie (de septembre à janvier) et que la Tunisie s’est habituée à ce phénomène naturel. Et de poursuivre que la filière laitière a actuellement besoin d’un ensemble de mesures gouvernementales couvrant l’ensemble de cette filière (producteurs, fabricants…). Al-Aifi a appelé à accélérer l’annonce d’une décision pour augmenter les prix au niveau de tous les circuits de la filière laitière.
De son côté, le chargé des produits laitiers à l’UTAP, Yahya Massoud a évoqué dans une déclaration à l’Agence TAP, que le gouvernement doit intervenir de toute urgence pour rassurer les agriculteurs en annonçant des hausses des prix de vente du lait frais aux collecteurs, ce que l’organisation agricole revendique depuis plusieurs mois. Il a souligné que la filière laitière enregistre une pénurie d’offre en raison de l’absence d’une augmentation en faveur des producteurs outre la perte d’environ 500 mille têtes de bétail, entre septembre 2022 et septembre 2023.
(avec TAP)