Plus de 72 heures après la catastrophe, les secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, intensifient leurs efforts pour retrouver d’éventuels survivants et fournir l’assistance à des centaines de sans-abris.
Le séisme du 8 septembre 2023 est le plus puissant de l’histoire moderne à avoir jamais été mesuré au Maroc. D’une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter, le tremblement de terre s’est produit peu après 23 h 00 (heure locale) à 72 kilomètres au nord-est de Marrakech. Son épicentre était situé dans la région d’Ighil, à 18,5 km de profondeur. Selon un bilan rendu public hier lundi 11 septembre, cette catastrophe naturelle a causé au moins 2.497 morts et de 2.476 blessés, dont la majorité dans les provinces d’Al Haouz et Taroudant. Les secousses, qui ont provoqué d’importants dégâts et l’effondrement de nombreux bâtiments, et ont été ressenties dans plusieurs régions du Maroc ainsi qu’en Espagne, au Portugal et en Algérie.
Dimanche soir, le Maroc a annoncé avoir accepté les offres de quatre pays d’envoyer des équipes de recherche et sauvetage : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis. Des secouristes espagnols étaient présents dans deux localités frappées par le séisme au sud de Marrakech, Talat Nyaqoub et Amizmiz, rapporte l’AFP. A Talat Nyaqoub, douze ambulances, plusieurs dizaines de 4×4 de l’armée et de la gendarmerie étaient déployés. Une centaine de secouristes marocains sont briefés par leur supérieurs avant de commencer les opérations de recherches dans le village. Non loin, une équipe de 30 pompiers espagnols, un médecin, une infirmière et deux techniciens coordonne avec les autorités marocaines pour commencer les fouilles. Un hélicoptère survole le village.
« La grande difficulté réside dans les zones éloignées et difficiles d’accès comme ici, mais les blessées sont héliportées », a déclaré la cheffe de l’équipe, Annika Coll. « C’est difficile à dire si les chances de trouver des survivants s’amoindrissent car par exemple en Turquie (frappée d’un très violent séisme en février) nous avons réussi à trouver une femme vivante après six jours et demi. Il y a toujours de l’espoir », a-t-elle ajouté. « Il est aussi important de retrouver les corps sans vie car les familles doivent savoir et faire le deuil ».
A 70 km plus au nord, une autre équipe de 48 hommes de l’Unité militaire d’urgence espagnole (UME) a établi un camp à l’entrée de petite ville d’Amizmiz depuis dimanche soir. « Nous attendons une réunion avec la protection civile marocaine pour déterminer exactement où nous pouvons nous déployer », a dit à l’AFP Albert Vasquez, chargé de communication de l’UME. « Il est très difficile de trouver des gens en vie après trois jours, mais en Turquie nous en avons trouvé après sept jours donc il y a toujours de l’espoir », a-t-il ajouté. L’équipe est accompagnée de quatre chiens et munie de microcaméras pour s’introduire dans les petits interstices dans les gravats, et d’appareils pour détecter toute présence humaine.
Lahcen et Habiba Barouj attendent en plein soleil des nouvelles de leur père de 81 ans qui vient d’être emmené par ambulance dans le petit hôpital local. Leur mère, morte dans le séisme, a été enterrée la veille. « Il a une fracture à la jambe. Notre maison a été engloutie. On n’a vu aucun secours. On a dû sortir notre père nous-mêmes des décombres, dans une couverture et on l’a porté pendant des kilomètres. On dort depuis dans un champ. On est détruit à l’intérieur », dit Habiba, les traits tirés.
Dans plusieurs localités, des membres des forces de sécurité continuent d’aider à creuser des tombes pour les victimes, alors que d’autres installent des tentes jaunes pour les sinistrés qui ont perdu leur logement. A Marrakech, sur l’avenue Mohammed VI, des dizaines de personnes ont encore passé la nuit à l’extérieur, allongées sur le terre-plein central ou au pied de leurs voitures stationnées sur des parkings. Dans la région sinistrée, des secouristes, volontaires et membres des forces armées s’activent de leur côté pour retrouver des survivants et extraire des corps des décombres, notamment dans des villages de la province d’Al-Haouz, épicentre du séisme.
Le séisme a suscité un élan de solidarité mondial et plusieurs pays ont proposé leur aide, mais « une absence de coordination pourrait être contre-productive », a déclaré Rabat dimanche. « Le Maroc est un pays souverain et c’est à lui d’organiser les secours », a réagi la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna après que le royaume n’a pas donné suite à ce stade à son offre d’assistance. Elle a annoncé une aide de 5 millions d’euros aux ONG actuellement « sur place » au Maroc.
A Tikht, un petit village dévasté par la secousse, un minaret et une poignée de maisons en argile non peintes tiennent debout au milieu d’un paysage apocalyptique. « La vie est finie ici », déplore Mohssin Aksum, 33 ans, un habitant. « Le village est mort. » Le séisme a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc. Le séisme est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960 : près de 15.000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.
(avec agences et médias)