Le gouvernement égyptien a annoncé l’interdiction du port du niqab, qui couvre le visage, dans les écoles à partir du début du trimestre, le 30 septembre. Les élèves peuvent porter le hijab mais ne sont plus autorisées à utiliser le voile qui couvre le visage, a déclaré le ministre de l’Éducation. Le ministre de l’Éducation, Reda Hegazy, a fait cette annonce lundi 11 septembre, en précisant que les élèves auraient toujours le droit de choisir si elles veulent porter le foulard mais en insistant sur le fait qu’il ne doit pas couvrir leur visage. Il a également déclaré que le tuteur de l’enfant doit être conscient de son choix et que ce choix doit être fait sans aucune pression extérieure.
Lundi, le journal gouvernemental Akhbar al-Youm a publié le nouveau décret sur l’uniforme scolaire qui interdit notamment aux élèves du primaire et du secondaire de « se couvrir le visage ». « Le rôle des enseignants de langue arabe, d’éducation religieuse et d’éducation sociale et psychologique, sera de préparer psychologiquement les élèves à mettre en œuvre la décision du ministère avec toute la gentillesse et la douceur possibles, en tenant compte de l’état psychologique des élèves et de leur niveau d’âge », a-t-il précisé dans un communiqué.
Depuis de nombreuses années, le port du niqab dans les écoles en Égypte fait débat. Le vêtement est porté par les musulmanes pour des raisons religieuses à travers le monde depuis des siècles. Forme la plus stricte du voile islamique, le niqab est généralement de couleur noire, il ne laisse apparaître que les yeux à travers une fente. Certaines personnes en Égypte associent le niqab aux Frères musulmans, un groupe interdit en tant qu’« organisation terroriste » depuis 2013, la même année où le gouvernement élu soutenu par les Frères musulmans a été renversé par un coup d’État militaire. Un certain nombre d’institutions publiques et privées en Égypte interdisent déjà le niqab. L’université du Caire interdit au personnel enseignant le port du voile couvrant le visage le depuis 2015, une règle qui a été confirmée par un tribunal égyptien en 2020.
L’interdiction du niqab à l’école par le ministère de l’Éducation égyptien a fait réagir la population sur les réseaux sociaux. Si le port du niqab demeure minoritaire, certains Égyptiens ont fustigé une atteinte à la vie privée. « Les gens sont en colère car le gouvernement n’a donné aucune justification, c’est une décision tyrannique qui empiète sur la vie privée », réagit Mohammed sur X (ex-Twitter). « Personne n’est en colère à l’exception des soutiens des Talibans et de l’État islamique (EI) », rétorque « al-Masri » sur le même réseau. Ahmed Moussa, animateur d’un talk-show et fervent partisan du régime d’Abdel Fattah al-Sissi, a, lui, salué « un premier pas d’importance vers la destruction de l’extrémisme et la correction de la situation de l’éducation devenue le repaire des groupes terroristes Frères musulmans ».
Des groupes de défense des droits de l’homme font valoir que la Constitution égyptienne protège les libertés religieuses et que restreindre le niqab constitue une violation des libertés civiles. Si la majorité des Égyptiennes portent le voile, le niqab demeure minoritaire dans ce pays très majoritairement musulman. Depuis que M. Sissi a destitué en 2013 le président Mohamed Morsi –membre des Frères musulmans–, la confrérie, déclarée « terroriste », a été interdite et ses membres et ses dirigeants ont été tués par centaines et emprisonnés par milliers. Pour les internautes toutefois, le problème de l’éducation dans le pays de 105 millions d’habitants écrasés par l’inflation et la dette publique est ailleurs.
(avec agences et médias)