Le Chef de l’Etat Kais Saied a annoncé lors d’un conseil ministériel tenu dans la soirée, du jeudi 22 septembre 2023, que de grandes réussites sécuritaires et militaires ont été enregistrées, notamment dans la lutte contre la migration clandestine affirmant que la Tunisie traitait les migrants sur la base du respect de la loi et les valeurs morales.“De nombreux réseaux criminels qui sont actifs dans le trafic des organes humains ont été démantelés en Tunisie (…) Le travail se poursuivra pour faire face contre ces genre de crimes et garantir l’application et le respect de la loi coûte que coûte…», a assuré le président de la République.
En effet, les réseaux de la traite de personnes ont été particulièrement actifs ces derniers mois en Tunisie, profitant de la crise migratoire. En Tunisie, le Tribunal de Première Instance de Kasserine a émis, au mois août dernier, des mandats de dépôt à l’encontre de 5 personnes appartenant à un réseau international de trafic d’organes.Cette décision concerne un gros dossier qui implique déjà 9 autres personnes, dont trois d’entre-elles qui ont été interdites de voyager. Les membres du réseau, étaient actifs entre la Turquie et la Tunisie (Kasserine, Nabeul, Tunis, Sousse et Mahdia).
Ils opéraient à travers des comptes fictifs, ouverts sur Facebook. C’est ainsi qu’ils communiquaient entre-eux. Ces suspects, selon l’enquête, ne seraient que des intermédiaires. Ils auraient aidé d’autres à vendre leurs organes en Turquie – reins – pour une somme variant entre 20 000 et 25 000 dinars par rein. Les mandats de dépôts, concernaient également des individus ayant vendu leurs organes. Ces derniers se rendaient en Turquie pour entamer les procédures illégales requises pour cette vente morbide.
Des préoccupations éthiques, médicales, légales et humanitaires.
Malheureusement, le trafic d’organes est un problème international grave et complexe qui concerne le commerce illégal d’organes humains destinés à la transplantation. Ce problème soulève de nombreuses préoccupations éthiques, médicales, légales et humanitaires. La principale raison du trafic d’organes est la pénurie d’organes légalement disponibles pour la transplantation. De nombreux patients en attente de greffes d’organes meurent chaque année faute de donneurs compatibles. Et puis, la demande d’organes pour la transplantation augmente en raison de l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques telles que les maladies cardiaques, rénales et hépatiques. Cela exerce une pression supplémentaire sur le marché noir des organes. Mais ce qui est triste, est que les victimes de ce trafic sont souvent des personnes vulnérables, telles que les pauvres, les migrants, les réfugiés ou les personnes vivant dans des régions en conflit. Elles sont souvent contraintes ou trompées pour donner leurs organes. Le trafic d’organes est généralement orchestré par des réseaux criminels organisés qui opèrent à l’échelle internationale. Ces groupes profitent de la demande élevée d’organes en exploitant les victimes. Ce trafic implique bien évidemment souvent des violations graves des droits de l’Homme, notamment la traite des êtres humains, la coercition et la violence.
En Tunisie, la loi régissant la transplantation d’organes est régie par le Décret-loi n° 92-2005 du 1er août 2005. Cette loi établit les procédures et les normes légales pour la transplantation d’organes, y compris les exigences de consentement éclairé des donneurs vivants et décédés. La loi vise à garantir que les transplantations d’organes se déroulent de manière éthique et légale.La Tunisie est également signataire de conventions internationales visant à lutter contre le trafic d’organes, telles que la Convention contre la criminalité transnationale organisée et son protocole additionnel sur le trafic de personnes. Depuis longtemps, les gouvernements et les organisations internationales travaillent ensemble pour lutter contre le trafic d’organes en renforçant la législation, en sensibilisant le public, en améliorant les systèmes de transplantation légale et en poursuivant les trafiquants. D’ailleurs, les pratiques éthiques en matière de transplantation, telles que le consentement éclairé des donneurs vivants et décédés, sont cruciales pour lutter contre le trafic d’organes. Les pays développent également des registres d’organes pour garantir la traçabilité des organes utilisés dans les greffes.
Il est important de noter que le trafic d’organes est un crime grave qui implique des sanctions pénales sévères. Les personnes impliquées dans le trafic d’organes, qu’il s’agisse de trafiquants, de médecins complices ou d’autres acteurs, peuvent être poursuivies en justice et condamnées en vertu de la loi tunisienne. En fin de compte, la lutte contre le trafic d’organes nécessite une coopération internationale, des mesures législatives solides, des normes éthiques strictes et une sensibilisation accrue pour s’attaquer à ce problème complexe et sauver des vies tout en protégeant les droits fondamentaux des individus.
Leila SELMI